Les indicateurs du phénomène de la délinquance des mineurs sont au rouge.
Le nombre d'affaires impliquant des adolescents qui atterrissent dans les
tribunaux pénaux va crescendo, avec des actes de plus en plus violents, des
délinquants de plus en plus jeunes et une implication croissante des filles.
Jeudi, lors de la cérémonie d'ouverture de l'année judiciaire 2010-2011,
dans son discours «protocolaire» censé aborder à grands traits les généralités,
les accomplissements, les perspectives et les grandes orientations du secteur,
les centres d'intérêt de la justice, etc., le président de la cour d'Oran, Medjati
Ahmed, s'est attardé sur ce sujet brûlant. Et c'était avec une solennité
appuyée et un ton très sérieux qu'il a livré à l'auditoire le chiffre
saisissant de 1.597 affaires de mineurs enregistrées par la justice à Oran
durant l'année judiciaire écoulée. Soit plus de quatre actes de délit ou de
crime par jour, sans compter d'éventuelles autres infractions juvéniles non
signalées. Lors du point de presse qu'il a animé par la suite, conjointement
avec le procureur général de la cour d'Oran, Sâadalah Bahri, le président de la
cour est revenu sur ce point sans pour autant en donner d'autres indicateurs
quantitatifs permettant de mettre ce fléau dans ses justes proportions tels que
le taux d'évolution par rapport à l'année précédente, le nombre de mineurs mis
en cause, la nature des actes les plus récurrents, les pourcentages par sexes
et tranches d'âges, etc. Au-delà de ces détails, l'ampleur de la délinquance
des mineurs enregistrée dans la capitale de l'Ouest a atteint, à n'en plus
douter, la cote d'alerte. Si la délinquance des mineurs est un phénomène
complexe à cerner, elle connaît aujourd'hui des évolutions dans ses formes avec
notamment le phénomène des bandes, la délinquance des filles et la précocité et
la gravité des actes commis et la récidive. A l'échelle nationale, durant
l'année 2009, près de 9.000 mineurs, plus exactement 8.603, ont été impliqués
dans des infractions diverses, dont le vol détient la palme avec 3.453 cas,
talonné de près par la violence physique avec 2.232 cas. 434 mineurs délinquants
ont été arrêtés durant la même période pour avoir dégradé des biens publics
alors que 276 ont été interpellés pour leur implication dans la consommation et
l'usage de drogues. Des proportions infimes, fort heureusement, sont
enregistrées dans les crimes de sang et agressions physiques sur ascendants,
avec respectivement 17 et 59 mineurs mis en cause. Même le sexe faible ne
semble pas être épargné par ce fléau avec, cependant, une faible proportion de
l'ordre de 3% du total des mineurs impliqués. Et la question qui vient à
l'esprit en abordant ce sensible sujet est le traitement judiciaire réservé à
ce fléau. Quoique 90% des mineurs arrêtés pour délits aient été remis à leurs
parents après une procédure de médiation, il n'en demeure pas moins que le traitement
de ce fléau dans les tribunaux relève d'une brûlante problématique. Des experts
dans les questions de l'enfance estiment que la riposte judiciaire est loin de
suffire à elle seule pour endiguer le fléau. Selon eux, ces chiffres doivent
inciter à la méditation et à une attentive interprétation et interpellent la
société dans ses divers segments et intervenants, État, mouvement associatif et
cellule familiale, entre autres, qui doivent explorer la meilleure synergie
possible pour affronter ce phénomène destructeur.