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Pour les 200 millions de Brésiliens,le 31 octobre sera une date
historique avec l´élection à la tête de leur pays d'une femme, Dilma Rousseff,
qui commencera son mandat présidentiel le 1er janvier prochain. Elle devrait
assurer la continuité de la politique de Luiz Inacio «Lula» da Silva, le
Président sortant qui a permis au Brésil, après deux mandats, d´accéder au
huitième rang de l´économie mondiale. Dilma Rousseff a obtenu 56% des
suffrages, soit 55,7 millions de voix, alors que son adversaire socio-démocrate
José Serra du PSDB (Parti socio-démocrate du Brésil) réunissait en sa faveur
43,6 millions d´électeurs (44%). Le résultat fut connu à peine une heure et
quatre minutes après la fermeture des derniers bureaux de vote, grâce à un
système de votation électronique utilisé par le Brésil; «un record mondial»
selon le Tribunal suprême électoral.
Pour sa part, José Serra ne tarda pas, en début de soirée, de reconnaître publiquement sa défaite et de féliciter son heureuse adversaire au cours d´un discours prononcé à Sao Paulo à l´intention de son entourage politique. Mais il n´a pas caché qu´il dirigera une forte opposition soutenue par les millions d´électeurs qui l´avaient voté. José Serra avait eu l´occasion d´expérimenter la défaite face à Lula lors des élections présidentielles de 2002. «J´ai reçu la mission la plus importante de ma vie. C´est une démonstration de l´avance démocratique de notre pays car pour la première fois, une femme présidera le Brésil», déclara Roussef en prenant connaissance des résultats de l´élection. Elle est la douzième femme à occuper la magistrature suprême en Amérique latine. Certes, elle ne possède pas le charisme de Lula qui termine son second mandat avec un pourcentage exceptionnel de plus de 80% d´opinions populaires favorables. Mais elle a su convaincre avec un message simple en promettant de poursuivre la politique de Lula dans le domaine de la justice sociale et de réduire la pauvreté. Elle souhaite un «Brésil avec une âme et un coeur de femme». C´est la première fois dans sa carrière publique que Dilma Rousseff se présentait à un poste électif alors que ces dernières années, à l´ombre de Lula, elle développa une image de technocrate «dure et implacable», sous la houlette du Président da Silva, aux postes de ministre de l´Energie puis de chef de cabinet assurant la coordination des activités gouvernementales. Elle héritera d´un pays qui connaît une diminution de la pauvreté et une croissance annuelle de 7,5%, selon les analystes. Le boom économique a permis au Brésil d´être de loin le premier pays sud-américain récepteur d´investissements étrangers. Il est vrai que la découverte «off shore» d´immenses gisements d´hydrocarbures a aidé le Brésil à se positionner dans le groupe de tête des pays émergents les plus attrayants en terme de rendement commercial. La brillante élection de Dilma Rousseff reflète en fait le poids politique de Lula dont les réalisations socio-économiques ont convaincu ses compatriotes. Non seulement on souligne que 23 millions de personnes ont été sauvées de la pauvreté mais que 32 millions ont accédé au statut de la classe moyenne. Ces résultats ont permis au Président sortant de parrainer la personnalité qui pouvait lui succéder afin de garantir la continuité. Bien entendu, Rousseff devra démontrer rapidement sa capacité sur ce terrain. Pour cela, elle peut compter sur la chambre des députés et sur le sénat où le Parti des travailleurs (PT) et ses alliés sont majoritaires. Les succès de l´ère Lula ne font pas oublier tout ce qui reste à développer dans l´immense pays qu´est le Brésil. 10% des Brésiliens sont analphabètes alors que la moitié des foyers ne sont pas reliés au réseau d´évacuation des eaux usées. Les mégapoles de Sao Paulo et de Rio de Janeiro connaissent un niveau préoccupant d´insécurité et de violence criminelle... Autant de problèmes qui seront parmi les préoccupations majeures de la Présidente élue... Probablement Dilma Rousseff aura à coeur de lancer des chantiers hors norme pour améliorer les infrastructures (aéroports, ports, routes...) en vue d´assurer le succès de la prochaine Coupe du monde de football de 2014 et des Jeux olympiques de Rio de 2016, le Brésil ayant été choisi grâce notamment au prestige de Lula qui a su mettre en lumière les capacités de son pays... et l´enthoussiame de ses compatriotes pour les sports. Nul doute qu´à partir de son ascension le premier janvier prochain, Dilma Rousseff s´empressera de démontrer qu´elle est le digne successeur de celui qui fut sans doute le Président le plus aimé et respecté du Brésil. |
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