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Aventure aux conséquences graves», «stratégie dictée
de l'extérieur», «guerre par procuration»? En quelques formules bien cadrées,
les responsables de la Coordination de l'opposition démocratique (COD) en
Mauritanie ont contesté sur le fond les actions menées par le gouvernement
mauritanien au nom de la lutte contre le terrorisme.
Le général-président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a réussi à obtenir des succès extérieurs, notamment de Paris après son coup d'Etat en mettant fortement l'accent sur la lutte antiterroriste, aurait tort de ne voir dans cette sortie qu'une manœuvre d'une opposition qui ferait feu de tout bois. En réalité, c'est une mise en garde sérieuse déclinée avec gravité, où l'on perçoit clairement une inquiétude à l'égard d'un engagement mauritanien trop visiblement lié à des intérêts extérieurs. Français, bien entendu, même si l'opposition mauritanienne s'abstient de désigner directement Paris. Il n'en reste pas moins que l'armée mauritanienne s'est retrouvée dans un engagement hors de ses frontières en coordination avec les forces spéciales françaises et cela valait bien des questionnements légitimes. A commencer par savoir si une telle politique sert l'intérêt national. L'opposition mauritanienne ne semble pas avoir été complexée par le fait qu'AQMI a déjà accusé le gouvernement mauritanien d'agir pour le compte de la France. Elle s'inquiète surtout de voir le pays entraîné dans un engrenage qui peut être, à terme, fortement déstabilisateur. Tout en soutenant la lutte contre le terrorisme menée par la Mauritanie, l'opposition considère que ce qui se passe aujourd'hui sort de ce cadre et «procède visiblement d'une stratégie dictée de l'extérieur». Il est évident que l'opposition partage les appréhensions des analystes qui considèrent qu'une intrusion armée visible des Occidentaux dans la région sahélienne aura un effet néfaste et créera un nouvel abcès de fixation pour les «djihadistes». L'Irak en a été un exemple édifiant et terrifiant. La présence de troupes occidentales assimilées à des «croisés» est en effet le meilleur agent recruteur. Ce point de vue vient d'être clairement exprimé récemment par le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, lors de sa dernière intervention à l'APN. Il a fait valoir qu'une présence occidentale dans cette région va tout simplement transformer les «terroristes» en «moudjahidine. Et là, nous créerons un enfer avec les meilleures intentions du monde». Ce point de vue est clairement partagé par l'opposition mauritanienne qui, tenant compte de la fragilité du tissu social mauritanien, ne souhaite pas que le pays serve de pion dans les jeux complexes des puissances. «Nous demandons à nos amis étrangers de nous laisser gérer cette lutte contre le terrorisme suivant nos procédés et dans un cadre consensuel, non à travers leur vision qui ignore la complexité de la réalité locale», a déclaré le président de la COD, Mohamed Ould Mouloud. Une demande de bon sens que le président mauritanien aurait bien tort de négliger. L'enjeu est trop grave pour qu'il soit appréhendé sous des œillères politiciennes. |
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