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Un mort et plusieurs blessés: Des marocains tirent sur des sahraouis

par Yazid Alilat

Un adolescent sahraoui de 14 ans, identifié come étant Garhi Najem ould Feydel Souidi, a été tué et cinq autres blessés par balle par la gendarmerie marocaine, dimanche à El-Ayoune occupée, au cours d'une opération d'exode de Sahraouis vers un camp de réfugiés installé près de la ville. L'intervention musclée et disproportionnée des forces de sécurité marocaines, déployées en grand nombre pour empêcher les Sahraouis de rallier ce camp, a été suivie par de nombreux blessés, dont certains par balle.

 Selon des témoignages, l'armée marocaine a été déployée autour d'un camp où se sont installés des centaines de Sahraouis, pour dénoncer les dures conditions de vie au Sahara Occidental, occupé depuis 1975 par le Maroc.

 Dimanche, l'exode des Sahraouis continuait vers le camp El-Istiqlal, à l'est de la ville d'El-Ayoun, en dépit du blocus imposé par l'armée marocaine, selon l'agence de presse sahraouie (SPS). Des témoignages recueillis sur place mentionnent que plus de 260 véhicules ont quitté vendredi matin la ville occupée d'El-Ayoun, en vue de lever le blocus et d'approvisionner la population sahraouie en denrées alimentaires, en eau potable et en médicaments. Mais les citoyens sahraouis, qui voulaient lever le blocus imposé contre le camp El-Istiqlal, ont dû faire face à «des pressions et des provocations de la part des services de sécurité marocains, avant d'arriver au camp de réfugiés après d'âpres négociations». L'armée marocaine «impose un blocus sur les approvisionnements en denrées alimentaires, en eau potable et en médicaments et encercle avec un mur le camp de réfugiés qui compte entre 15.000 et 20.000 Sahraouis, qui s'y sont installés

 depuis le 10 octobre, dans plus de 5.000 tentes», indique l'agence de presse sahraouie. Selon les organisateurs de cet exode, «il est l'expression de la protestation populaire pacifique contre les conditions déplorables que vivent les Sahraouis depuis 35 ans d'occupation marocaine et du rejet de cette occupation et la réaffirmation de l'attachement au droit légitime du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance, consacré par la charte et les résolutions onusiennes».

 Dans une lettre transmise au secrétaire général de l'ONU, le président de la RASD Mohamed Abdelaziz a appelé l'ONU à «intervenir en vue d'éviter un massacre contre les Sahraouis installés dans des camps dans les régions occupées». «La présence de différentes forces militaires et sécuritaires qui assiègent les camps constitue une grande préoccupation quant aux véritables intentions du gouvernement marocain», estime-t-on dans l'entourage des responsables sahraouis. «Ces forces rappellent les mêmes scènes ayant accompagné l'invasion militaire du Sahara Occidental le 31 octobre 1975 et le génocide perpétré contre des citoyens sahraouis sans défense», affirme encore le président. Par ailleurs, le président sahraoui rappelle au SG de l'ONU que «depuis la dernière lettre que je vous ai adressée le 18 octobre, des développements ont été enregistrés et font craindre le pire concernant quelque 1.500 citoyens sahraouis installés depuis le début du mois dans des camps à l'est de la ville de El-Ayoune occupée». Il a également mis en garde contre l'intensification de la présence militaire et sécuritaire marocaine dans la ville occupée de El-Ayoune et sa périphérie ainsi qu'autour des camps des Sahraouis à l'est de la ville.

 Ces événements sont enregistrés alors que l'envoyé personnel de M. Ban Ki-moon, le diplomate américain C. Ross, avait rencontré vendredi les autorités marocaines, lors d'une tournée dans la région. Selon une source marocaine, «l'objectif de cette tournée est de relancer les pourparlers entre le Maroc et le Polisario». Un nouveau round de négociations entre le Maroc et le Front Polisario sur l'avenir du Sahara Occidental se tiendra sous l'égide des Nations unies début novembre, avait annoncé jeudi dernier à Alger M. Christopher Ross.