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La déclaration de politique générale du gouvernement présentée jeudi
dernier à l'APN par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, est appréciée
différemment par les partis, dits de «l'opposition». Alors que le RCD a
clairement affiché son scepticisme quant au bien-fondé du «plaidoyer»
d'Ouyahia, le Parti des travailleurs (PT) a pour sa part salué les engagements
de l'Etat même si des remarques ont été soulevées par Louiza Hanoune.
«Le bilan est positif? en partie !», a déclaré la secrétaire générale du PT, en marge des travaux de l'APN. Louiza Hanoune a indiqué que sur le plan économique et social, des efforts ont été consentis mais restent insuffisants. Elle soulignera que pour son parti, les choses ne sont pas encore à la hauteur des aspirations, y compris pour ce qui est du développement économique lui-même. Cependant, la secrétaire générale du PT a salué toutes les réalisations qui ont vu le jour ces dernières années et soutient même que son parti est très à l'aise sur le sujet. Elle affirme par ailleurs que ces réalisations sont le couronnement de la lutte et des batailles livrées par son parti pour le bien-être de la société. «Ceux qui nous disent que la politique de la désertification et de la terre brûlée était inéluctable, eh bien l'histoire leur a donné tort et nous a donné raison», a déclaré Mme Hanoune qui souligne que cela représente avant tout une victoire pour toute la nation. La responsable du PT reviendra en outre sur la loi de finances complémentaire 2010 dont l'orientation, estime-t-elle, est plus «hardie» que celle de 2009. Louiza Hanoune salue les nouvelles mesures contenues dans la loi de finances complémentaire mais soutient en parallèle que le gouvernement n'a pas confiance et a fait passer la dernière loi de finances complémentaire sous forme d'ordonnance. «C'est regrettable mais je comprends que le gouvernement, qui a su qu'il existait des hommes d'affaires à l'intérieur de l'institution parlementaire qui faisaient du lobbying, a décidé de présenter la loi de finances complémentaire sous forme d'ordonnance», a déclaré la responsable du PT. Cette dernière soutient néanmoins que les choses ont bien changé depuis trois années et qu'aujourd'hui on est loin du rouleau compresseur qui détruisait les entreprises publiques et les emplois. La secrétaire générale du Parti des travailleurs affirme que l'accord d'association passé avec l'Union européenne a fait perdre à notre pays plus de 400.000 emplois et provoqué la disparition de milliers de PME. De son côté, le député RCD Derguini Boubekeur, qui a présidé le groupe parlementaire de son parti durant deux mandats, s'est montré très «sceptique» quant au bilan présenté par Ahmed Ouyahia. «L'intervention d'Ouyahia ressemble beaucoup plus à un meeting de précampagne électorale pour le compte du président de la République», a déclaré le député du RCD. Il soutiendra qu'il n'y a pas eu d'évaluation ni de présentation de bilan par rapport à toutes les consommations budgétaires et tout ce qui a été voté par l'Assemblée et encore moins des indications sur les grandes promesses du Premier ministre lors de la présentation de son plan d'action, notamment en matière d'emplois, de la politique du logement ou en matière de création de PME/PMI. M. Derguini relève, à titre d'exemple, qu'aucune indication n'a été donnée par le Premier ministre sur les trois millions d'emplois et les 200.000 PME qui devaient être créées. D'autre part, poursuit le parlementaire du RCD, «cette façon de faire du Premier ministre nous renseigne sur le rôle qui est dévolu au Parlement». Le Premier ministre, ajoute notre interlocuteur, n'a même pas daigné présenter ses excuses au Parlement, sachant qu'une disposition de la Constitution prévoit que le Premier ministre présente le bilan de son plan d'action une année après son vote par l'Assemblée. Le député du RCD ira encore plus loin en soulignant que cette façon d'agir d'Ouyahia cache mal une volonté de discréditer l'Assemblée populaire nationale aux yeux de l'opinion publique pour entraîner plus tard une démobilisation et une abstention lors des élections afin d'organiser des fraudes électorales. Pour ce qui est du bilan présenté par Ouyahia, le député du RCD a fait savoir que son parti va participer aux débats et apporter la contradiction avec pertinence et objectivité. «Il s'agit de prendre date avec l'histoire car il est impensable qu'un pays aussi riche qui est assis sur un matelas financier aussi important navigue et patauge dans la médiocrité et la misère», conclut le député du RCD. Plusieurs députés ont par ailleurs salué l'intervention du Premier ministre en émettant toutefois certaines réserves. Le député indépendant Meziane Belkacem affirme qu'il y a certes des réalisations sur le terrain mais qu'il faut une meilleure rigueur dans la gestion des fonds mobilisés pour la concrétisation des projets. «La ressource humaine, la désignation des postes de responsabilité, le suivi des effectifs sur le terrain doivent constituer une urgence de premier ordre du gouvernement», nous dira le député de Béjaïa. A noter que plusieurs responsables de partis politiques ont refusé de commenter la déclaration de politique générale présentée par le Premier ministre et ont quitté précipitamment l'hémicycle. Quant au Premier ministre, attendu de pied ferme par les journalistes devant la porte de sortie officielle pour une éventuelle déclaration, personne ne le verra. Le Premier ministre est sorti par une autre porte, à l'abri des regards, pour revenir plus tard dans l'après-midi pour écouter les remarques. |
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