Les spécialistes
se sont déjà prononcés sur les failles possibles ayant conduit notre football à
son niveau actuel, et les éventuels remèdes à apporter.
Quant à nous
autres, bien loin des sources fiables d'information, devons nous nous contenter
de tout ce qui a été dit et écrit, ou bien alors, reste-t-il encore un peu
d'espace pour que nous puissions ajouter quelques petites remarques ? Dans ce
genre d'observation, une analyse correcte et sérieuse ne peut être fiable que
si la base des données est elle-même complète et sans ambiguïté. Tout le monde
sait qu'aujourd'hui, comme dans toutes les sociétés d'ailleurs, tous les
algériens suivent notre équipe de très prés et essaient de comprendre le
pourquoi et le comment des bons et des mauvais résultats. Des hauts et des bas
dans toute chose est un phénomène naturel. Cependant, une tendance négative continue
qui n'attire pas l'attention des auteurs concernés, est une chose anormale.
Donc les petits comme les vieux, dans les différentes sociétés, se mettent à
analyser et discuter des résultats enregistrés par leurs équipes nationales de
foot. Un vieux voisin me disait par exemple, suite aux derniers résultats : «
Pourtant nous avons des joueurs locaux qui ont démontré, à l'extérieur, qu'ils
sont capables d'obtenir de bons résultats, d'être à la hauteur de relever des
défis ». Et c'est justement sur ce sujet que nous voulons en revenir. Une
équipe nationale qui fonctionne presque totalement avec des joueurs de
l'extérieur ne peut pas prétendre participer au développement du football
national, et donc à de meilleurs résultats futurs. Onze professionnels de première
classe, et dès la première absence d'un joueur, on crie au manque de titulaires
valables. La grande réserve, le trio JSK, ESS et le MCA, pour ne citer que ces
illustres clubs, est pourtant bien évidente. « Le produit local n'est pas à la
hauteur » est un jugement mainte fois prouvé faux. Décidons pour voir, de
prendre un minimum de soixante à soixante dix pour cent des locaux, avec
l'apport d'internationaux exceptionnels, et non pas ordinaires. Qu'est ce qu'on
risque du moment que nous sommes déjà dans le risque ? A entendre nos enfants
discuter, de ce qui nous semble ne pas les regarder, nous avons même réussi
jusqu'ici à déformé le sens logique de leur raisonnement. En prêtant l'oreille
à une discussion entre jeunes, dans un wagon de train qui m'amenait d'Oran vers
la frontière de Mascara, j'ai entendu l'un d'entre eux dire, tristement : «
t'as vu les marocains et les tunisiens, ils ont gagné leurs matchs à
l'extérieur ». L'autre lui répondait : « Mais eux, ils n'ont pas le niveau des
nôtres, même si on a été plusieurs fois peu performants ». Le problème, c'est
que le reste du groupe était d'accord avec cette remarque. Et le pire, c'est
qu'ils le croyaient vraiment, à les entendre avancer des arguments pour
justifier leurs dires. Aimer son équipe à ce point et la supporter dans le
meilleur et le pire, est certainement une bonne chose. Seulement, arriver à
perdre totalement le sens logique des choses, c'est un peu exagéré. Donc, en
parlant de remèdes et de meilleurs résultats futurs, en sport comme dans
d'autres domaines aussi importants, n'est-il pas plus judicieux de dépenser un
peu plus d'argent du contribuable, réservé au foot, à nos sociologues et
psychologues, les encourageant à mieux étudier notre tendance, un peu déplacée,
qui consiste à dénigrer, refuser et rejeter tout ce qui est local ?