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La contestation contre la réforme du régime de retraite en France entrait
mardi dans sa 6e journée avec un durcissement des positions des syndicats,
soutenus par les lycéens, qui entraient dans le mouvement de grèves, alors que
le Président Sarkozy annonçait des mesures urgentes pour endiguer le spectre de
la pénurie de carburant qui menace le pays.
C'est en fait une France révoltée contre ce projet de réforme, qui doit faire passer l'âge légal de la retraite de 60 à 62 ans, qui a donné l'image mardi d'un pays en passe d'entrer dans une phase de violences urbaines qui mettrait à mal les dernières années du quinquennat de Sarkozy. Mardi, plus de 480.000 manifestants, selon le ministère de l'Intérieur, plus selon les syndicats, sont sortis manifester dans les grandes villes françaises contre ce projet de loi. Et, face à l'intransigeance du Président Sarkozy, qui veut mener coûte que coûte à son terme cette réforme phare de son quinquennat, le mouvement de grève continue de se durcir en particulier dans les raffineries, provoquant des pénuries de carburant et risquant de paralyser l'économie. Face à la gravité de la situation, le président, en sommet à Deauville (nord-ouest), en a appelé mardi à la «responsabilité de l'ensemble des acteurs» et prévenu qu'il allait prendre des mesures contre les blocages dans les raffineries et pour «garantir l'ordre». Avec l'ensemble des 12 raffineries en grève, à l'arrêt ou en cours d'arrêt, plus de 2.500 stations-service étaient à sec lundi soir (sur 12.500) et plusieurs dépôts pétroliers restaient bloqués par des grévistes ou des manifestants. Au sein du patronat français, c'est la panique : avec les routiers, ils ont fait part mardi de leurs inquiétudes sur les conséquences des difficultés d'approvisionnement en carburants. Les entreprises commencent à tourner au ralenti car le personnel «commence à avoir du mal à arriver sur le lieu de travail», a déclaré le patron de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) Jean-Eudes du Mesnil du Buisson. Ailleurs, dans la restauration, l'hôtellerie, le commerce de détail et les loisirs, les activités tournent au ralenti. Mais, l'activité en France était surtout affectée mardi par le renforcement de la grève dans les transports routiers et aériens. Le nombre de liaisons aériennes dans l'ensemble du pays était fortement réduit, avec 50% des vols annulés à l'aéroport parisien d'Orly et 30% dans celui de Roissy Charles de Gaulle. Le syndicat CGT a appelé à la poursuite du mouvement mercredi dans tous les aéroports français. Même constat dans le secteur du rail où le trafic ferroviaire était fortement perturbé mardi, sur le sillage d'une semaine de débrayage dur. Mardi, il n'y a eu que 6 trains TGV à grande vitesse sur 10. Les routiers, qui ont rejoint lundi le mouvement, poursuivaient leurs opérations escargots provoquant des bouchons sur des axes stratégiques. Quant aux convoyeurs de fonds, ils entraient dans la contestation et la grève était suivie à la Poste, à France Télécom, dans l'audiovisuel public ou l'éducation où près de 400 lycées étaient perturbés et près d'une dizaine d'universités bloquées. Les manifestations de lycéens et d'étudiants prenaient une tournure inquiétante, faisant craindre le pire pour les autorités. L'entrée en force des lycéens et étudiants dans le mouvement faisait aussi craindre aux autorités des débordements et des affrontements violents. Des affrontements ont opposé mardi jeunes et forces de l'ordre près d'un lycée de Nanterre, dans la banlieue parisienne. A Lyon, du mobilier urbain et des véhicules ont été dégradés. A Paris, une lycéenne a été blessée par l'explosion d'un scooter après un feu de poubelle. La veille, lundi, les blocages de lycées avaient déjà donné lieu à des heurts et près de 300 «casseurs» ont été interpellés. Pour l'opposition, notamment à gauche, le blocage politique est irrémédiable, tant que le gouvernement ne retire pas son projet de réforme des retraites, dont le vote au Sénat a été repoussé à la fin de la semaine. Et, face à cette situation, l'ex-Premier ministre, Laurent Fabius, a estimé que «tous les blocages actuels peuvent être arrêtés par la décision d'une seule personne, le président». |
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