La journée de protestation décidée pour hier par les trois syndicats des
trois entreprises publiques de récupération d'Oran, Annaba et Alger a été
suivie massivement à Oran. Les 220 travailleurs de l'entreprise de récupération
de l'Ouest se sont regroupés au niveau de l'unité de pesage et de contrôle
industriel sise au Plateau Saint Michel.
Deux revendications sont mises en
avant par les représentants syndicaux. Primo, permettre aux trois entreprises
d'effectuer leurs opérations d'exportation conformément à la période de grâce
expirant le 29 novembre prochain, tel que stipulé clairement par l'article 43
de la loi de finances complémentaire 2010 relative à la suspension de
l'exportation des déchets ferreux; en second lieu, de poursuivre les
exportations jusqu'à la mise en place d'une véritable industrie nationale
spécialisée dans le recyclage des déchets ferreux. Selon le secrétaire général
du syndicat de l'ERO, le refus par le ministère du Commerce d'octroi
d'autorisations d'exportation aux trois entreprises publiques constitue le
prélude à la mort certaine de ces dernières, étant donné qu'elles renferment
déjà des stocks traités de l'ordre de 15.000 tonnes pour l'Ouest, 10.000 pour
l'Est et 12.000 tonnes pour le Centre du pays. Cette descente aux enfers a été
très perceptible depuis le début de l'année en cours, une période durant
laquelle seule l'entreprise de l'Ouest a effectué trois opérations
d'exportation, alors que celles de Annaba et d'Alger n'ont effectué aucune.
Aujourd'hui, les stocks sont estimés à 20.000 tonnes à Oran, 3.000 à Annaba et
5.000 à Alger. Du coup, cette baisse d'activité a eu des répercussions sur
l'emploi et des compressions d'effectifs ont déjà commencé comme c'est le cas à
Annaba où 30 agents vacataires ont été libérés. A Alger, l'entreprise se trouve,
selon le même responsable syndical, dans l'incapacité d'honorer une opération
d'exportation, alors que le client a déjà payé le montant de l'opération. Si
aucune mesure n'est prise dans l'immédiat pour sauver la filière, sur le plan
social, cela équivaudrait à la perte d'un millier d'emplois au niveau national
et, sur le plan économique, à mettre dans l'embarras les producteurs de déchets
tels que Naftal, Sonatrach, les Douanes ainsi que d'autres institutions en
matière de prise en charge de ces importantes quantités de déchets ferreux. A
titre d'exemple, les capacités de récupération pour la seule entreprise de
l'Ouest sont estimées à 40.000 tonnes par an, sachant que la part de marchés du
secteur public dans ce secteur n'est que de 20%. Cela nous donne une idée
claire sur les quantités de déchets ferreux qui seront à la merci des
intempéries et des pertes en devises qui seront occasionnées à l'économie
nationale. En clair, cette mesure va, selon le même responsable syndical, à
contresens de la politique des pouvoirs publics d'encourager les exportations
hors hydrocarbures. Ce dernier rappelle, dans ce contexte, que les opérations
d'exportations des déchets ferreux ont été pour beaucoup dans l'assainissement
de la dette extérieure contractée notamment auprès de certains pays de l'Europe
de l'Est. Et de s'interroger sur les véritables raisons de cette loi, alors
qu'en termes financiers, les trois entreprises publiques n'ont jamais été
déficitaires et, au contraire, en plus du non recours aux prêts bancaires,
elles ont mis en place des plans de développement d'une part en investissant
dans le renouvellement des équipements (150 milliards pour l'ERO) et de
l'autre, en créant des emplois, notamment depuis 2008. Pour sa part, le
vice-président du comité de participation a mis l'accent sur le fait que cette
disposition prise pour mettre fin à la fuite des capitaux touche les
entreprises publiques qui ont toujours œuvré dans la transparence, et les
différentes certifications obtenues sont la preuve tangible qu'elles demeurent
des entités performantes. D'ailleurs, précise le même responsable, la loi
d'interdiction d'exportation des déchets non ferreux initiée il y a une année
dans le but d'atténuer de l'ampleur des vols de câbles n'a pas eu l'effet
escompté, étant donné que les actes de vandalisme persistent et que chaque
année d'importantes quantités transitent frauduleusement à travers les
frontières Est du pays. De son côté, le syndicaliste indique que les trois
syndicats se retrouveront prochainement à Alger afin de donner les suites à
leurs actions.