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Il n'est pas possible d'exiger un transfert technologique d'une
entreprise étrangère qui détient un savoir-faire. Les propos sont du directeur
général de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) qui
répondait à la question d'un journaliste à ce sujet. M. Francis Gurry a animé,
hier à Djenane El-Mithak, une conférence-débat consacrée à l'état de la
propriété intellectuelle et de la production du savoir dans le monde, à
l'invitation du Conseil national économique et social (CNES).
L'intervenant a fait état d'une «intensification des investissements dans la recherche et développement et la création du savoir dans le monde (développé, ndlr)». Le montant de ces investissements a atteint, l'année dernière, «le double de ce qu'il était il y a dix ans», ce qui correspond à «01 billion de dollars», dont le tiers va à la technologie. L'OMPI (une organisation onusienne) constate une «forte demande pour la propriété intellectuelle (PI)», avec «plus d'un million de brevets», mais également un changement dans la géographie de la PI, puisque «la Chine a décroché la 2e place mondiale, devançant ainsi le Japon». «Il y a 15 ans, la Chine, le Japon et la Corée du Sud détenaient 7% de la PI, à ce jour ils ont atteint 15%», a ajouté M. Gurry. Selon le DG de l'OMPI, en 2009 seulement, dix entreprises mondiales ont investi 8 milliards de dollars dans la recherche et développement, ce qui dénote bien l'intérêt des grands groupes pour la propriété intellectuelle synonyme de gains et d'élargissement de leurs marchés. Lors du débat ayant suivi l'intervention de Francis Gurry, plusieurs intervenants ont évoqué l'écart très important entre les pays du Nord et ceux du Sud en matière de production technologique. Certains iront même à plaider un assouplissement des règles de propriété intellectuelle pour aider au développement des pays défavorisés. Pour le DG de l'OMPI, la solution «au niveau national», c'est qu'un pays «doit cibler un domaine technologique qu'il va suivre pour lui consacrer des investissements de recherche et développement». A la question de savoir si un Etat peut exiger un transfert de technologie, la réponse ne souffre d'aucune équivoque : «On ne peut pas l'exiger», car la production du savoir-faire est quasiment du domaine des «entreprises privées». «Quand il n'y a pas de marché, il n'y a pas de transfert de technologie, à moins que les entreprises le fassent gratuitement», a-t-il ajouté. Par contre, ce qu'un Etat peut faire, «c'est de dessiner une stratégie pour encourager l'innovation locale, en renforçant notamment l'éducation. Mais c'est un travail de longue haleine», soutient-il encore. M. Gurry cite l'exemple du géant nippon des technologies multimédia, Sony, qui a démarré sa conquête de l'innovation, il y a plus de 60 ans, «en achetant à la compagnie Westinghouse une licence sur la technologie du transistor». Le chemin est tout tracé, encore faut-il disposer d'une réelle volonté politique et des mécanismes adéquats pour rééditer de Telles Conquêtes ! |
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