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Zones inondables: Des inquiétudes malgré les mesures

par J. Boukraâ

L'hiver approche, est presque déjà là et les habitations menaçant ruine continuent toujours à aller vers l'anéantissement et le délabrement. A quelques semaines de la saison hivernale, l'alerte gagne déjà les habitants occupant ces vieilles bâtisses qui auront encore un autre hiver à passer dans des maisons menaçant de s'effondrer à n'importe quel moment, surtout que les opérations de relogement des sinistrés ont été «stoppées» et avec elles l'espoir de nombreuses familles.

Les dernières pluies qui se sont abattues sur la ville d'Oran la semaine écoulée n'ont fait qu'accroître la peur et les risques. Les eaux de pluie se sont infiltrées par les plafonds et les murs dans de vieilles bâtisses à travers plusieurs quartiers d'Oran. Les habitants du vieux bâti, confrontés régulièrement à des risques d'effondrement des murs de leurs bâtisses gagnées par l'insalubrité et souffrant d'insécurité, crient leur détresse encore une fois et interpellent les autorités pour se pencher sur leur situation.

A El-Hamri comme à Sidi El-Houari, Bel-Air ou Saint Eugène, les citoyens relatent leur souffrance au quotidien. Les murs s'effritent, alors que d'autres sont complètement fissurés en plusieurs endroits. Ces gens dorment mal et c'est dans la peur qu'ils attendent l'arrivée du petit matin en raison des averses importantes qui se sont abattues sur Oran il y a quelques jours. Ces derniers ont beau essayer de dresser et de soutenir les murs devenus un danger permanent, leurs efforts s'avèrent vains.

D'autre part, les citoyens qui ont élu domicile aux abords des oueds lancent eux aussi un cri de détresse en direction des autorités locales pour être relogés dans les plus brefs délais et éviter des pertes humaines dans le cas d'inondation. La peur s'empare déjà des citoyens qui occupent des maisons aux abords des oueds et des rivières. Ces derniers appréhendent les débordements des oueds de leurs lits. Ces familles, qui ont érigé des maisons de fortune constituant des bidonvilles au niveau des zones inondables, notamment dans les communes de Sidi Chahmi, Es-Sénia et Kouchet El-Djir, à l'ouest d'Oran, et Sidi Ben Yebka, sollicitent les services concernés afin de les reloger, en application des nouvelles instructions du gouvernement.

Les services techniques des secteurs urbains de la commune d'Oran et des autres communes ont été chargés de recenser les habitations situées à proximité des oueds, au-dessus des falaises et des bassins versants. Les secteurs urbains et les services de l'urbanisme ont été aussi instruits pour interdire toute construction à proximité des sites sus-cités. Les responsables concernés sont tenus de présenter une cartographie des zones inondables et des fiches techniques pour des projets de préservation des sites et des zones inondables. Pour les constructions situées aux abords des oueds et en dessous de falaises, elles doivent faire l'objet de démolition et des dispositions doivent être prises pour le relogement des familles.

Trois zones inondables se trouvant sur les communes de Oued-Tlélat, El-Mohgoun et Bir El-Djir ont été identifiées par la Protection civile. Les mêmes services indiquent que le risque d'inondation est dû au facteur humain, surtout lorsqu'il s'agit de constructions érigées aux abords des oueds et de l'obstruction des lits des oueds, ce qui provoque le débordement des eaux et, par la suite, des inondations, à l'instar de ce qui s'est passé à Sidi Chahmi en 2007. Dans le même cadre, sept points de stagnation des eaux ont été répertoriés, ce qui présente également un risque d'inondation devenu récurrent à la moindre goutte de pluie, notamment au niveau du 3e boulevard périphérique, du rond-point El-Bahia, de Dar El-Beida, du quartier du Plateau à Arzew, entre autres.

Cette situation est due à l'inexistence de réseau d'évacuation des eaux pluviales ou à la vétusté des canalisations et l'incompatibilité de leur diamètre avec la quantité des eaux de pluie. Dans ce cadre, la majorité des communes de la wilaya d'Oran ont lancé des opérations de réalisation de nouveaux avaloirs. La daïra d'Es-Sénia, considérée comme une zone inondable, notamment la commune de Sidi Chahmi, a bénéficié d'un programme de réalisation de 1.025 avaloirs. Ainsi, 307 avaloirs ont été réalisés au chef-lieu de la daïra, 351 au niveau de la commune de Sidi Chahmi, qui a connu une série d'inondations en 2007, et 430 à El-Kerma. D'autres opérations de réalisation de nouveaux avaloirs et de curage des anciens seront lancées incessamment. Pour ce qui est des curages, des commissions mixtes regroupant des agents de la Division de la voirie et de la circulation et les équipes de Blanche-Algérie de chaque commune ont été mises en place pour cette campagne.

 A Oran, l'opération touchera 9.345 regards et 7.621 avaloirs répartis sur les 12 secteurs urbains. Pour cela, une cinquantaine d'agents et 4 camions vidangeurs ont été mobilisés. D'autre part, vingt-trois pompes hydrauliques seront installées. Plusieurs quartiers sont concernés par ces opérations visant le drainage et la canalisation des eaux pluviales. En effet, plusieurs quartiers et des cités entières souffrent à la moindre chute de pluie, des flaques et des lacs d'eaux pluviales se constituant et obstruant tout accès et toute circulation automobile.

 En outre et toujours dans le but de protéger les communes des risques d'inondation, la direction de l'hydraulique de la wilaya d'Oran a bénéficié d'une enveloppe budgétaire estimée à 130 milliards de centimes pour la réalisation de quatre retenues collinaires. Cette opération concerne le centre urbain de six localités regroupant quelque 650.000 habitants. Il s'agit des localités de Hassi Bounif, Sidi Chahmi, El-Braya, Hassian Toual, Hassi Ameur et Aïn El-Turck. Selon des sources de la direction de l'hydraulique, les travaux au niveau des centres de Ben Okba (Hassi Bounif), El-Braya et Hassian Toual ont été achevés. La protection du centre d'El-Ançor (Aïn El-Turck) contre les inondations a été également retenue comme projet prioritaire par la commission nationale des finances. Cette opération a été décidée dans le cadre de la protection des biens et des personnes suite aux inondations de 2008 qui avaient occasionné d'importants dégâts dans cette localité, qui abrite près de 25.000 habitants.