Le Plan national de développement rural et agricole (PNDRA,
2001-2006) n'a pas été évalué par le gouvernement. Fouad Chahat, DG de
l'Institut national de recherche agronomique (INRA), estime que tous les
investissements n'y étaient pas inutiles. Mais que l'agriculture algérienne
continue de souffrir d'un sous-investissement.
Le rendement agricole est, selon Fouad Chahat, directeur général de
l'Institut national de recherche agronomique (INRA), victime d'une politique de
désinvestissement qui a duré longtemps. «Pendant une certaine période, un
investissement a été fait sans beaucoup de rigueur. Au bout du compte, il y a
encore un manque d'investissements. Il n'y a pas assez de tracteurs, de
moissonneuses-batteuses ou d'équipements de traitement de maladies», a-t-il
déclaré dimanche à la chaîne III de la radio algérienne. Il a regretté
l'absence d'un véritable bilan du Plan national du développement rural et
agricole (PNDRA) mis en application à l'époque de Saïd Barkat, ex-ministre de
l'Agriculture. «Sans bilan, on ne peut pas préjuger d'un échec. Mais, les deux
dernières années, le secteur agricole a essayé de recentrer sa politique, voir
ce qui n'allait pas et comment le corriger. Cela dit, les investissements qui
ont été faits n'ont pas été tous inutiles. Les efforts qui ont été faits en
matière d'irrigation sont encore là», a-t-il noté. «Nous avons compris que les
anciennes méthodes ne pouvaient plus fonctionner. Pour atteindre les objectifs,
il faut une collaboration étroite de tous les acteurs, agriculteurs,
agro-industriels et distributeurs», a-t-il ajouté. Pour atteindre le niveau du
Brésil, qui a atteint l'autosuffisance alimentaire en dix ans et qui exporte,
il a estimé qu'il faut améliorer le niveau de formation des agriculteurs
L'Algérie peut, d'après lui, s'inspirer du modèle brésilien mais de ceux de
l'Inde et de la Chine, considérées comme des puissances agricoles. «Nous
pouvons le faire. Nous savons où sont les points faibles et comment y remédier.
L'essentiel est que la nation accepte d'accompagner ce mouvement et de faire
l'effort nécessaire collectivement», a-t-il dit. Le directeur de l'INRA a
estimé que l'apport de la recherche à l'agriculture demeure toujours faible en
Algérie. «L'investissement en hommes et en équipement dans la recherche est
encore modeste. Mais, les chercheurs présents ont accumulé suffisamment
d'expérience pour pouvoir apporter un plus», a-t-il souligné. Il a révélé que
de nouvelles variétés de céréales mieux adaptées au climat algérien vont être
bientôt homologuées. Outre la modernisation de l'agriculture, Fouad Chahat a
estimé que l'organisation des filières est indispensable. «Cela va permettre
une meilleure fluidité et une meilleure régulation de la production.
L'organisation doit être fondée sur l'inter profession pour que les mesures
prises soient cohérentes. Le renouveau rural doit être axé sur le lancement de
projets de proximité de développement intégré. Il faut permettre aux
agriculteurs d'accéder à des techniques nouvelles et renforcer leur encadrement
par des chercheurs», a-t-il préconisé insistant sur la diversification de la
production agricole. Il a, par exemple, appelé à la reprise et l'élargissement
de la production de figues sèches, d'olives de conserve, d'huile d'olive et de
géranium rosat. «Dans la Mitidja, la production du géranium rosat a été
abandonnée alors que ces plantes nous permettaient de produire des extraits
pour l'industrie du parfum. Il y a cinquante ans, nous étions les premiers
exportateurs mondiaux de ces extraits !», a-t-il rappelé. Actuellement, le
Maroc, l'Egypte, la Russie et le Madagascar sont les principaux producteurs du
géranium rosat. A titre d'illustration, Brut de Fabergé et Égoïste de Chanel
sont tirés à partir des extraits de cette plante odorante.