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Les (présumés)
kidnappeurs d'une étudiante, le 5 janvier dernier, à La Lofa, étaient hier au
box des accusés. L'un se cachait le visage dans les mains, l'autre avait le
regard rivé au plafond voûté. Le premier paraissait anxieux, pensif, le
deuxième impassible, très peu émotif. H.A., alias «Kada», et B.M., alias
«Chocolata», 30 et 22 ans respectivement, comparaissaient sous les accusations
d'association de malfaiteurs, rapt et vol. Ils nient tout en bloc les faits qui
leur sont reprochés, clamant leur innocence. Or, un faisceau de présomptions
pèse sur eux, dont les déclarations de la victime - qui n'aurait pas eu le
courage de venir regarder dans les yeux ses deux kidnappeurs à l'audience -
ainsi que les dépositions concordantes de trois témoins à charge.
Au procès, les deux mis en cause rapportent une tout autre version. Rompu à cet exercice, le président suscite plusieurs confrontations «accusé-accusé» et «accusé-témoin» susceptibles de prendre de court les prévenus et de les forcer à sortir des discours soigneusement balisés par leurs conseils. La technique s'avérera payante ; elle donnera lieu à plusieurs contradictions dans les déclarations des mis en cause. Le 5 janvier 2010, vers 7h30, alors qu'elle se rendait à l'institut (sis à Maraval), l'étudiante de 21 ans est prise pour cible par deux agresseurs qui étaient aux aguets dans les environs du quartier de La Lofa. Sous la menace d'armes blanches, la victime cède son sac et ses boucles d'oreille. Les deux malfaiteurs en veulent plus, beaucoup plus. Ils enlèvent la jeune femme. Le 1er témoin était là, il a tout vu et même supplié, voire menacé, au péril de sa vie, les deux agresseurs de laisser partir la fille. Il a entendu l'un d'eux appeler par son portable un copain lui demandant de venir les chercher par son véhicule Mazda. Quelques minutes plus tard, la Mazda arrive. La victime est conduite dans un petit bosquet qui subsiste de l'ancienne forêt de la Vierge, à l'orée de la ville de Misserghine. Là, l'un des trois malfrats tente d'assouvir ses désirs bestiaux, et propose à ses deux acolytes d'en faire autant, à tour de rôle. Ces derniers refusent et l'empêchent d'accomplir le vilain acte. La victime s'en sort indemne, du moins dans son honneur. Abandonnés par leur copain de la Mazda, les deux mis en cause poursuivent leur chemin inconnu à pied. Arrivés au village de Misserghine, ils forcent quasiment un taxi clandestin, conduisant une R4, à les prendre. Ce dernier «décrypte» à travers le rétroviseur les signes que lui faisait la victime, ralentit à un moment, et permet à la fille d'ouvrir la portière et de sauter. Pris de panique, les deux kidnappeurs s'enfuient. Mais pas pour longtemps, puisqu'ils seront identifiés et arrêtés quelques jours plus tard. Le représentant du ministère public a requis 12 ans de réclusion contre les deux prévenus. A l'issue des délibérations, ils ont été condamnés à 8 ans de prison. Le troisième accusé, en cavale, devait faire quant à lui l'objet d'une procédure de contumace. |
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