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Quand les bruits de couloirs ne sont pas si audibles, nous vous les
faisons parvenir. Musique.
Aucune information n'avait encore filtré au soir du15 octobre, date butoir fixée par la Commission européenne pour que la France démontre que sa campagne de rafle et d'expulsion des populations Roms, lancée cet été, n'est pas en infraction avec les lois européennes sur la libre circulation des personnes, et surtout qu'elle n'est pas d'inspiration xénophobe et raciste. Ce qui, automatiquement, permet à la Commission européenne d'adresser à l'Etat français une mise en demeure pour procédure d'infraction à la législation de l'UE. Le 30 septembre, l'Etat français s'était engagé à fournir les preuves qui prouveront le contraire de ce qui lui est reproché : la stigmatisation et la discrimination d'une ethnie, soit un acte raciste. Quinze jours n'ont-ils pas suffi au ministre français de l'Intérieur et celui de l'Immigration à «ramasser» les arguments juridiques et les preuves de leur bonne foi dans le respect des droits de l'Homme pour laver l'Etat français des graves accusations qui lui sont reprochées ? Evidemment que non. Le problème est qu'il est très difficile aux dirigeants français de faire admettre que les charters organisés sous les projecteurs des caméras n'étaient rien d'autre que des voyages offerts aux Roms pour un pèlerinage dans leurs pays d'origine. Il en est de même pour expliquer que la phrase contenue dans la circulaire du 5 août, appelant les préfets «à cibler particulièrement les campements des Roms», signée par le ministre de l'Intérieur, n'était rien d'autre qu'une faute d'inattention. Et puis, comme le «hasard» fait parfois bien les choses, voilà que le journal «Le Monde» révèle la détention par la gendarmerie d'un fichier baptisé «MENS», recensant les «minorités ethniques non sédentarisées», autrement dit les Roms et «gens du voyage» d'une manière générale. Par ailleurs, il faut signaler qu'à la demande de divers parlementaires européens, la Conférence des présidents du Parlement européen (PE) a donné, jeudi dernier, son accord pour que la Commission européenne vienne s'expliquer, mardi prochain, lors de la session plénière, sur aussi bien «l'épisode» français que sur d'autres Etats de l'UE qui disposent, en cachette, de fichiers ethniques et omettent de conformer leurs législations internes aux dispositions du droit européen. L'Italie et les Pays-Bas sont cités. AMBASSADEURS RECALES Le mercredi 13 octobre, c'est un pays d'Afrique qui a retenu l'attention européenne. Il s'agit du Zimbabwe. Encore une fois, ce sont des députés conservateurs du PE qui ont saisi le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et celui de la Commission, Manuel Barroso, pour leur demander de rejeter l'accréditation des nouveaux ambassadeurs du Zimbabwe. Ces mêmes députés n'ont fait que répondre à la demande du Premier ministre zimbabwéen, Morgan Tsvangirai lui-même. Etonnant ? Pas du tout, puisque Tsvangirai, vainqueur aux élections, n'a pu occuper, en janvier 2.009, la fonction de Premier ministre qu'après une médiation internationale. Il est à la fois Premier ministre et principal opposant du président Mugabe. Les accords signés entre ces deux personnalités stipulent le partage du pouvoir et donc, des nominations aux fonctions de l'Etat. Il se trouve que le président Mugabe a désigné, sans consultation aucune, «son» Premier ministre pour la nomination des ambassadeurs dans les pays de l'UE et en Suisse. L'UE a d'ores et déjà stoppé les diplomates désignés par Mugabe. C'est une sanction diplomatique, en plus des sanctions économiques et politiques décidées par l'Europe contre le régime du vieux président zimbabwéen. La représentante de la diplomatie européenne, l'Anglaise Catherine Ashton, a déclaré, par la voix de son porte-parole, que «ce sont des questions sérieuses qu'il y a lieu de bien clarifier». C'EST AUSSI CA, L'EUROPE A propos de «questions sérieuses», l'UE en fait parfois des siennes. Comme par exemple sur celle des Organes génétiquement modifiés (OGM). Elle fait «rage», c'est bien le cas de le dire, ces derniers jours. Les Etats membres de l'UE se sont, dans leur quasi-majorité, prononcés pour leur interdiction. Cependant, sous la pression des lobbies industriels et commerciaux, les Etats n'ont pas trouvé mieux que de remettre la «question» entre les mains de la Commission européenne pour qu'elle décide. Cette dernière, rodée aux tractations de tous genres, a eu une idée lumineuse : reconnaître que la culture des OGM a ses adeptes et ses adversaires, et que, par conséquent, la Commission, tout en reconnaissant que la culture des OGM n'est pas encore tranchée, n'opposera aucune injonction à un Etat membre s'il décide de pratiquer la culture des OGM. En fait, elle renvoie la «question» et la responsabilité aux Etats membres, chacun pour ce qui le concerne. En résumé, lorsqu'un problème devient ingérable, politiquement, par un Etat membre, il le revoit devant la Commission. Cette dernière, n'étant que l'expression de la volonté des 27 Etats de l'Union, en fait pareil pour ne pas froisser l'un ou l'autre des Etats. Comme quoi, il n'y a pas que dans les pays pauvres ou en voie de développement que la responsabilité est l'otage de pression de clans et de lobbies. |
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