L'Algérie compte plus 180.000 nonvoyants, selon le ministère de la Santé
et de la Réforme hospitalière. Les spécialistes craignent le pire pour les
années à venir si jamais on ne corrige pas à temps les causes de cécité
évitable. Le pronostic de la population handicapée visuelle à l'horizon 2020
est estimé à plus de 190.000 cas et pourrait atteindre plus de 210.000 cas en
2025. Jeudi dernier, la corporation des ophtalmologues a célébré, sous la coupe
du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière, la journée mondiale de
la Vue, sous le thème «compte à rebours jusqu'en 2020», à l'INSP, à Alger.
Conscient que la cécité est un grave problème de santé publique et un fardeau
économique sur la société, le ministère de la Santé a effectué, pour la
première fois, une enquête sur «les maladies oculaires cécitantes». Il s'agit
d'une première enquête nationale qui a été réalisée auprès d'un échantillon
représentatif, des personnes âgées de 40 ans et plus. Le professeur Hartani,
spécialiste en pathologies oculaires cécitantes, a affirmé que cette enquête a
mobilisé des ressources financières évaluées à 15 milliards de centimes pour
l'acquisition du matériel nécessaire aux besoins de l'enquête. Le Pr Hartani a
précisé que 22.181 personnes ont été examinées de mars à mai 2008. Et de
signaler que les résultats de l'enquête ont fait ressortir les taux de
prévalence des maladies oculaires cécitantes, l'exemple de la cataracte, avec
13,8%, glaucome à 4,6%, rétinopathie diabétique à 2,4%, dégénérescence
maculaire liée à l'âge à 2,1%, causes cornéennes à 1,7% et le trachome à 0,7%.
Sur les bases des résultats de l'enquête, il a été précisé que la cataracte
représente la première cause de cécité en Algérie. «Une pathologie qui touche
essentiellement les personnes âgées de plus de 50 ans, elle est en constante
augmentation en raison de l'allongement de l'espérance de vie». Mais, précisent
les spécialistes, cette pathologie est soignable grâce aux grandes réussites de
la chirurgie oculaire, capable de restituer une fonction visuelle quasi normale
aux personnes atteintes. La deuxième cause est, selon les statistiques de
l'enquête, le glaucome, le nombre de cas est estimé de 380.000 à 450.000 au
niveau national. Les spécialistes ont souligné que la notion de glaucome
congénital comme facteur de risque existe, d'où la nécessité du dépistage
précoce de cette maladie après l'âge de 40 ans.