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Le sang coule au FLN

par Kharroubi Habib

Il a fallu presque mort d'homme dans les affrontements qui opposent des clans au sein du FLN en plusieurs mouhafadas pour que sa direction et son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, décident de réagir. Ils ne peuvent plus en effet faire «l'autruche « après ce qui s'est passé à Annaba dans la nuit de mercredi à jeudi. Dans cette ville, les choses sont allées trop loin avec cette bataille rangée dans les rangs de FLNistes qui s'est soldée par huit blessés, dont trois hospitalisés dans un état grave. L'argument «frappant» est devenu le recours des militants de l'ex-parti unique en l'absence d'arbitrages assumés par sa direction sur les conflits qui les opposent.

 Depuis son dernier congrès, qui aurait prétendument soudé ses rangs, le FLN apparaît comme un bateau en dérive, sans commandant à la barre. Belkhadem, dont l'autorité à ce poste semblait s'être affirmée au résultat de ces assises, est manifestement dépassé par ce qui se passe au sein de sa formation. Les émissaires qu'il a mandatés pour normaliser la situation organique du parti, là où l'incendie couve, n'ont pu se faire entendre par les contestataires et donc faire prévaloir les orientations qu'il leur a données. Ce qui fait nettement apparaître que son autorité en tant que chef du parti est battue en brèche.

 En apparence, les affrontements qui secouent l'ex-parti unique sont le fait de clans dont la motivation est la perspective électorale qui se profile à l'horizon 2012. Ce qui est l'évidence même, mais qui recoupe une autre réalité dans le FLN. Qui est que son congrès, qui l'a doté d'une nouvelle direction, n'a en fait nullement mis un terme à la lutte pour le contrôle de l'appareil entre Belkhadem et ses partisans et ceux qu'ils pensaient avoir neutralisé en les marginalisant au sein des instances dirigeantes de cet appareil.

 La pétaudière que le parti de Belkhadem est devenu n'augure pas un bon avenir électoral pour ceux qui seront appelés à porter ses couleurs aux prochaines législatives et locales. Les affrontements d'aujourd'hui, le spectacle lamentable qu'offrent leurs protagonistes ont indubitablement un effet répulsif sur les citoyens qui ont, pour différentes raisons, conservé leur confiance à l'ex-parti unique.

 Belkhadem a, semble-t-il, décidé de sortir de l'expectative face à l'enfoncement dans le délétère de sa formation. Il a convoqué pour aujourd'hui une réunion extraordinaire de l'instance dirigeante qu'il coiffe, consacrée à la montée en puissance de la contestation dans les rangs du parti, avec les dérives qu'elle suscite, comme on l'a vu à Annaba.

 Au point où en est arrivé le FLN, les mesures que prendra sa direction en la circonstance ne suffiront pas à «calmer le jeu». La déstabilisation de l'ex-parti unique est, nous semble-t-il, un objectif décidé et voulu par des forces dont le pouvoir d'influence est apte à rendre caduques les décisions que cette direction pourrait prendre.

 Belkhadem paie le prix de méthodes de contestation que l'aile dont il a été le chef de file a appliquées à ses adversaires en d'autres temps.