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On est fin 2010. C'est- à-dire déjà en 2011. C'est-à-dire presque en
2014. Donc la bonne question n'est pas celle de ce qui va se passer en janvier
ou en février prochain mais celle qui est posée depuis cet été: qui sera
vraiment président de ce pays dans quelques années ? Comment va se résoudre la
question? Un chroniqueur ami avait expliqué au chroniqueur le syndrome algérien
des poissons rouges : les poissons rouges ont une mémoire qui dure cinq
secondes apparemment. Tout ce qui remonte à avant cinq secondes de temps fait
partie de l'inconscient ou de la préhistoire. Pas de l'histoire. C'est ce qui
explique pourquoi par exemple un ministre peut dire une chose et son contraire
en moins d'une semaine ou qu'un ancien gouvernant ou ancien président ou
premier ministre écrive une chose et son contraire selon les époques, dans ses
mémoires.
Le peuple a aussi la mémoire du poisson rouge. En exemple la crise de cet été et du printemps dernier. Pendant des mois tous parlaient d'une crise entre le président et son principal allié. D'une lutte par scandales et dossiers exhibés. Puis tous se sont tus et ont continué à manger. Et comme pour mieux effacer le Présent on est même remonté au passé : aujourd'hui, ceux qui font l'actualité, ce ne sont pas ceux qui gouvernent mais ceux qui ont gouverné : Chadli, Ghozali, Reda Malek, etc. Une formidable manœuvre qui permet aux acteurs de se faire oublier par les rediffusions d'acteurs oubliés. Poignante insulte aux vivants qui n'ont droit qu'à la conversation des morts et des mis à la retraite. Et donc, parce qu'on ne peut pas répondre à la question de qui sera le prochain président et comment va se passer le deal, posons l'autre bonne question : que se passe-t-il vraiment ? Réponse : on n'en sait rien. De temps à autre, une sorte de bruits sous-cutanés émerge à la surface et on croit deviner, dans le jeu d'ombres, une sorte de lutte, de tension, de crise, puis tout se résorbe par une sorte de mécanisme qui nous est inconnu. La vérité est qu'on ne sait rien. Rien de rien. On soupçonne et ce soupçon systématique peut lever des coins de voile ou conduire à des conclusions absurdes. Que voulait dire Chakib Khelil lorsqu'il a dit que l'arrestation du staff dirigeant de Sonatrach il l'a apprise dans les journaux ? 1° - Qu'il se moque de nous. 2° - Que c'est un complot « externe » à son département et qui a été fabriqué dans son dos pour l'éjecter et qu'il l'a appris dans les journaux, moyen préféré de certains pour déboulonner des ministres. Ce n'était qu'un exemple pour illustrer cette vaste béance de l'interprétation à quoi pousse le pouvoir quand il s'agit de lui. Personne n'y échappe d'ailleurs : la principale fonction d'un ambassadeur de l'Occident à Alger est celle d'un Taleb à Relizane : interpréter des signes puis écrire à des instances occultes. Pourquoi donc en parler aujourd'hui de ce sujet vaste et flou ? Parce que c'est le moment et qu'on risque d'en payer le prix s'il n'y a pas retour au consensus, très vite. La question de la succession chez nous s'ouvre toujours hors saison. On en devine le cycle lancé avec la théorie de l'aiguille. Explication : il existe une sorte d'aiguille majeure nationale qui va de 0 à « explosion ». Parfois l'aiguille tend vers le bas, le calme, l'inauguration et les mesures de repos. Parfois, elle tend vers le rouge. Là on a émeutes, arrestation absurde de non-jeûneurs, grèves, etc. C'est une théorie, mais cette théorie est la seconde richesse après le pétrole et a été découverte avant lui dès le congrès de la Soummam. Pour ce moment, on reste fasciné par cette énigme : qui seront les prochains présidents de ce pays (car il y en a toujours au minimum deux) ? Ouyahia : trop dur pour être mou. Belkahdem ? Il a la même fonction de cheb Mami. Saïd ? C'est un film de l'année 2007. Qui donc ? Fait curieux, vous posez la question à des vivants et ce sont des « morts » qui vous répondent, se souviennent, protestent contre des médisances, expliquent : Chadli, Ghozali, Réda Malek, etc. |
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