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Le patron de VimpelCom, Alexander Izosimov, change de registre et agite
la menace de poursuites judiciaires contre le gouvernement algérien dans
l'affaire Djezzy. Il estime néanmoins qu'un procès serait un «scénario
catastrophe». Une pression médiatique sur Alger où le Russe joue au chaud et au
froid.
Alexander Izosimov, venu dans les bagages du président russe Dmitri Medvedev, n'a pas entendu à Alger ce qu'il aurait souhaité entendre à savoir qu'il est le bienvenu et qu'il peut prendre, sans coup férir, Djezzy, la filiale la plus rentable du groupe Orascom Telecom Holding. Si rien d'officiel n'a transpiré de ce qui s'est dit entre les présidents Medvedev et Bouteflika, des sources concordantes indiquent que le gouvernement algérien a fait savoir qu'il n'avait pas changé de position. Et qu'il entendait bien exercer son droit de préemption sur Djezzy et qu'il en discuterait avec ses propriétaires, en l'occurrence Orascom Telecom. Le message transmis est que du point de vue algérien, Djezzy n'est pas une affaire russe et que les arrangements conclus entre Orascom Telecom et VimpleCom ne changeaient pas la donne. Cela s'appelle refroidir les ardeurs russes. Et répondre indirectement à Naguib Sawiris dont la stratégie consiste désormais à impliquer totalement les Russes dans le différend qui l'oppose au gouvernement algérien. Le milliardaire égyptien est en effet soucieux de sortir d'un tête-à-tête avec le gouvernement algérien. Il cherche clairement le soutien de l'Etat russe. Il a déclaré que VimpelCom, qui vient de racheter un peu plus de 50% d'Orascom Telecom, était entièrement concerné par le sort d'OTA-Djezzy. Rapport de forces Avoir une entreprise russe comme allié est clairement perçu comme un facteur de renversement du rapport de forces par rapport à l'Etat algérien. Apparemment, Alexander Izosimov prend au sérieux ce rôle et se pose en négociateur et en surenchérisseur dans l'affaire Djezzy. Avant de menacer le gouvernement algérien de poursuites judicaires, il avait commencé par fixer le «juste prix» de Djezzy : 7,8 milliards de dollars. Soit la somme que le sud-africain MTN était prêt à débourser, selon l'affirmation de Naguib Sawiris. Pour les responsables algériens, qui ne se sont jamais exprimés publiquement sur le sujet, ce prix est exorbitant et le prix de Djezzy se situerait entre 2,5 et 3 milliards de dollars. Des experts indépendants considèrent que le prix de 7,8 milliards de dollars, avancé par Sawiris mais jamais confirmé officiellement par MTN, était en réalité le fait d'un deal entre les deux opérateurs pour faire un swap d'actifs à prix élevés. Cela consiste en un échange de bons procédés où l'opérateur sud-africain accepte de payer Djezzy largement au dessus de sa valeur de marché et en contrepartie Orascom Telecom prenait des actifs de MTN également surcotés. En mettant le chiffre sur la place publique alors que la cession à MTN avait été mise en échec, Sawiris a agi en manœuvrier. Le but est de «fixer» au plan médiatique le «juste prix» et éventuellement de mettre le gouvernement algérien dans l'embarras. Le patron de VimpleCom, qui fonctionne à l'évidence en bonne intelligence avec Sawiris, endosse le prix et cherche à se placer comme interlocuteur obligé de l'Etat algérien. Scénario catastrophe Le niet courtois qu'il a reçu à Alger a été suivi par l'annonce que la Banque d'Algérie a mis OTA-Djezzy à l'amende pour 193 millions de dollars. C'est sans doute la raison qui pousse Alexander Izosimov, jusque-là relativement conciliant dans ses propos, à agiter la menace de poursuites judiciaires. Nous n'hésiterons pas, a-t-il déclaré au Financial Time, «si le gouvernement fait des mouvements ou extrait des actifs - nationalisations, etc. - à défendre nos droits». Izosimov qui a dit avoir eu une «rencontre cordiale» avec le ministre des Finances, Karim Djoudi, et qu'il a eu le sentiment que l'on cherchait une «solution amiable», a estimé qu'un procès serait un «scénario catastrophe». Il s'est dit confiant que le gouvernement algérien payera le «juste prix» ou bien laissera VimpleCom prendre possession de Djezzy. Selon lui, une option de compromis consisterait à une gestion de Djezzy par VimpleCom avec une prise de participation de l'Etat algérien. Le chaud et le froid. |
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