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Théâtre: «Mauvaise Graine»? en quête de bonheur

par El Kébir A.

La compagnie «Mauvaise Graine» est venue semer sa fantaisie à Oran. A l'occasion d'une mini-tournée à travers quelques wilayas, cette troupe française a fait une petite halte, jeudi dernier, au Centre culturel français d'Oran, le temps de faire savourer par le public une lecture théâtrale teintée d'un humour aussi noir que décapant, qui s'intitule tout simplement «En quête de bonheur».

 Le bonheur est donc le principal thème abordé dans cette pièce. L'idée est certes cocasse, pour ne pas dire saugrenue, et cela quand on sait les tragiques évènements qui secouent actuellement le monde et les drames qui se succèdent les uns après les autres. Et justement, qu'en est-il du bonheur dans la société moderne ? Est-il lié intrinsèquement à la réussite sociale ? Etre heureux signifie-t-il pour autant avoir réussi «socialement» ? Arnaud Meunier, le metteur en scène, tente de répondre à ces questions en faisant appel à des auteurs de toutes les époques, qui ont eu à soulever ce thème. De Voltaire à Rousseau, en passant par Nietzsche et Prévert, le spectacle pullule de références littéraires qui lui donnent du coup des connotations philosophiques. Les trois comédiens, à tour de rôle, incitent le public à se remettre à question, et surtout à se demander : par la quête du bonheur, que cherche en vérité l'être humain, cet être qui est là, sans trop savoir comment ni pourquoi, comme paumé, pendant un petit séjour terrien ?

 On nous pousse à aller loin dans les questionnements. Pourquoi un penseur dédaigne-t-il de se complaire dans le petit bonheur pépère de ses semblables superficiels ? Un être superficiel, qui ne se remet jamais en question, a-t-il la même qualité de bonheur que celui qui, sans arrêt, ne cesse de penser ? Est-ce que, secrètement, le penseur n'aurait pas préféré avoir une vie aussi simple que celle d'un superficiel «hédoniste»? Cela nous fait d'ailleurs penser à cette fameuse phrase de Woody Allen : «Mon seul regret dans la vie, c'est de ne pas être quelqu'un d'autre !»

 En dépit de la gravité du thème abordé, l'humour dans ce spectacle ne manque pas, et l'espoir non plus. Les comédiens sur scène étaient au nombre de trois, Natalie Matter, Loic Le Roux et Stéphane Piveteau, accompagnés au violon par Régis Huby.