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L'euro flambe sur le marché parallèle

par S. M.

Après une brève accalmie qui a duré le temps d'une année, l'euro repart à la hausse et ranime du coup le marché parallèle des devises.

La monnaie européenne a désormais atteint la barre symbolique des 130 dinars l'unité. Une première depuis l'instauration de l'euro comme unique monnaie en Europe. Il faut ainsi près de 130 dinars (129,5 dinars pour être plus précis) pour acheter un seul euro sur le marché parallèle, contre 100,37 DA sur le marché officiel. Le prix d'achat de l'euro, qui était il y a quelques jours, fixé à 126,5 DA a soudainement sauté à 129,5 DA, voire à 130 DA, durant la semaine dernière. La cause de cette nouvelle hausse de la monnaie européenne est l'approche de la saison du Hadj 2010. Les cambistes expliquent cette envolée spectaculaire de l'euro par la hausse de la demande conjuguée à un tarissement des transferts des devises des ressortissants algériens résidant à l'étranger. Les ressortissants algériens résidant en Europe et particulièrement en France, avaient l'habitude d'alimenter régulièrement le marché des devises en Algérie. Nos émigrés recourent rarement aux banques pour transférer leurs argents. Ils préfèrent le marché parallèle pour convertir à un meilleur prix leur argent. Les transferts en devises commencent à souffrir des affres de la récession économique mondiale. Il est ainsi difficile, voire impossible pour nos ressortissants de faire des épargnes dans ces conditions de crise. L'autre facteur de cette envolée historique de l'euro sur le marché parallèle est la hausse des transferts illégaux de devises. Nombreux investisseurs étrangers, acculés par les mesures prises dans le cadre des trois dernières lois de finances, recourent au marché noir pour échanger leurs dinars en euros avant de les transférer illégalement vers l'étranger. Il y a aussi la présence, de plus en plus, importante de travailleurs étrangers, notamment asiatiques. Ces derniers sont généralement rémunérés en dinars. Et pour envoyer des devises à leurs familles restées dans leur pays d'origine, ils reconvertissent les dinars en euros au marché parallèle, loin de tout contrôle de l'Etat. Cette bulle spéculative qui secoue le marché noir de devises n'a pas épargné les autres monnaies à l'exemple du dollar américain, le dinar tunisien et le riyal saoudien. La monnaie saoudienne est proposée à la vente à 203,20 dinars pour un seul riyal, dans les banques publiques, contre 191,50 DA pour l'achat.

 Les spéculateurs ont ainsi réussi à imposer leur dictat sur le marché informel de devises. Des milliards de dinars sont convertis à bas prix au vu et au su de tous dans la rue comme au square Port Saïd dans la capitale ou près du consulat d'Espagne à Oran, dans des restaurants ou dans des locaux connus pour cette activité à M'dina Jdida. Les transactions se font à toute heure de la journée sans que ces spéculateurs ne soient inquiétés.