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Le gouvernement, à travers le décret
n°10-201 du 30 août 2010, relatif aux mesures particulières de prévention et de
protection des risques de travaux de taillage et de polissage des pierres de
taille, veut protéger efficacement, par le biais de plusieurs articles, et
après un rapport conjoint du ministère de la Santé, de la Population et de la
Réforme hospitalière et du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité
sociale, les artisans et les travailleurs qui ont en fait un métier. Les
tailleurs de pierre, dont la souffrance et surtout la maladie fatale qui les
accompagne, ont fait l'objet de plusieurs articles de journaux où leur
quotidien et le long combat contre la mort qu'ils mènent ont été mis en
exergue.
Considérée comme une des régions phares de l'extraction de la pierre, au même titre que Yakourène près d'Azazga, à Tizi Ouzou, Baniane, près de Biskra, Tébessa, Tiaret ou encore Saïda, Tkout reste comme le symbole de ces artisans, décédés après avoir contracté la silicose, une maladie pulmonaire provoquée par l'inhalation de particules de poussières de silice et qui se traduit par une réduction progressive et irréversible de la capacité respiratoire, même après l'arrêt de l'exposition aux poussières. Le seul traitement curatif efficace connu est la transplantation pulmonaire, ce qui est foncièrement impossible à réaliser en Algérie et de surcroît pour des hommes, obligés de faire ce métier, pour faire survivre leurs familles. Ainsi, et selon le décret paru sur le Journal officiel n°51, obligation est faite pour informer les artisans et travailleurs des effets nocifs sur la santé liés à l'inhalation de poussières de silice libre et doivent être formés aux mesures nécessaires de prévention et de protection contre ces nuisances. Selon les spécialistes, la prévention est primordiale pour lutter contre l'empoussiérage et passe obligatoirement par le port d'un masque protecteur. Pour la seule Tkout, une commune de la wilaya de Batna, l'on dénombre jusqu'à 50 décès parmi la communauté des tailleurs de pierre laissant derrière eux 27 veuves et plus de 50 orphelins alors que de nouveaux cas se sont déclarés. Un sentiment d'impuissance qui aurait fait réagir les pouvoirs publics à travers cet ensemble d'articles qui, pourtant, reste au stade de simples précautions à prendre et de mesures préventives à appliquer avec notamment des données techniques sur les outils de travail ainsi que l'utilisation des appareils pour la découpe et le polissage des pierres de taille. Il est, par ailleurs, recommandé à ce que l'utilisation des appareils soit accompagnée d'un dispositif d'aspiration des poussières tel que les cabines ventilées. Dans l'article 6, on peut également lire que les travaux de taillage et de polissage doivent s'effectuer obligatoirement avec des équipements de protection individuels en particulier les masques respiratoires anti-poussière à cartouche filtrante. Un luxe pour les tailleurs de pierre. Ce décret reste pour le moins loin des attentes des travailleurs et de leurs familles qui revendiquent le classement de la silicose en tant que maladie professionnelle, pour qu'elles, les familles de tailleurs de pierre, bénéficient du droit au capital décès. L'article n°7 du décret en question stipule que lesdits travailleurs doivent être munis d'une fiche de visite médicale d'aptitude à l'exercice de ces travaux établie par le médecin du travail et que cette fiche de visite médicale doit être renouvelée une fois tous les six mois. |
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