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Baosem, petit fleuron khelilien en danger

par Samy Injar

Baosem, la SARL créée par Sonatrach et Sonelgaz au début de l'ère de Chakib Khelil pour centraliser tous les appels d'offres du secteur de l'énergie et des mines est entrée en crise.

La nouvelle équipe ministérielle n'exclut pas de revenir à l'ancien système décentralisé, tandis que la surface d'affaires de Baosem se réduit de mois en mois.

Baosem, cité longtemps comme une «belle petite réussite» de l'ère Chakib Khelil, doute sur son avenir. Son chiffre d'affaires a baissé de plus de 30% en une année et son personnel est passé sous les 50 employés après en avoir compté près de 80 à la mi-2007. La profitabilité de cette filiale de Sonatrach et de Sonelgaz, née en octobre 2002, était avérée jusque là. Elle bénéficie d'un monopole sur l'édition des appels d'offres de l'ensemble du secteur et des mines. Pour remporter un marché avec une des entreprises du secteur, il faut s'abonner à la revue du Baosem ou à son site Web. Ce marché captif, a permis à la petite SARL de connaître un développement foudroyant dans ses premières années. Sous l'impulsion de son premier directeur général, Kamel Azira, elle a diversifié son portefeuille de métiers, remportant de nombreux marchés de communication dans le secteur (Annuaires, guide de l'investissement, rapport annuel de Sonatrach etc.) et renforcé ses actifs (acquisition de terrain pour bâtir un siège social). «C'est ce développement qui s'est ralenti après 2007 avec une période de flottement dans la succession au poste de DG et l'arrivée en 2009 d'une manager sans vision. Baosem n'a pas confirmé son identité montante d'agence de communication du secteur de l'énergie. Le climat social interne s'est dégradé. Aujourd'hui avec le départ de Chakib Khelil, le monopole de Baosem sur les appels d'offres du secteur est menacé» explique un ancien cadre de l'entreprise.

L'évolution interne risque de précipiter les décisions

«Démanteler ce monopole, n'est pas une priorité chez Youssef Yousfi», le ministre de l'Energie et des Mines (MEM), assure toutefois une source proche de son cabinet. Les pressions sont pourtant très fortes, provenant des managers des entreprises du secteur, à commencer par celles du groupe Sonatrach, afin de reprendre la main sur la communication d'affaires que représente la publication des appels d'offres. «Le ministre prendra le temps pour rendre des arbitrages. L'enjeu n'est pas vraiment le mode de publication des appels d'offres, mais le respect des procédures d'attribution de marché. Baosem ne s'occupe pas de ce volet à ce que je sache» explique la source proche du MEM.

 Les jours de Baosem ne seraient donc pas encore comptés, mais l'enlisement de son management dans un climat délétère pourrait accélérer les décisions. Maghrebemergent.info a été rendu destinataire d'un document signé par une majorité de travailleurs réclamant à l'Union locale de l'UGTA de Ben Aknoun, des élections pour le renouvellement de la section syndicale, dont le mandat est terminé depuis avril 2010. «Il est recensé une trentaine d'employés entre cadres et agents (soit environ 40% de l'effectif de l'entreprise) qui ont été amenés à quitter l'entreprise, et ce rien que pour les deux dernières années ; une multitude de plaintes sont déposées par ces travailleurs auprès de l'inspection du travail dont certaines suivent leur cours en procédures judiciaires» explique un travailleur, alors que la section syndicale «se rend complice de ce plan de compression déguisé». Les accusations vont plus loin. La fameuse directive R15 qui impose aux entreprises du secteur un code de procédure dans la passation des marchés ne serait plus appliquée par la direction de Baosem dans ses propres appels d'offres. Un membre du personnel de Baosem contraint au départ, affirme, en particulier, que le marché attribué pour l'impression bi-hebdomadaire du bulletin des appels d'offres est entaché de nombreuses irrégularités. La directrice générale de Baosem, transfuge du cabinet de Chakib Khelil, n'a pas pu être jointe pour commenter cette situation. Le sort du Baosem est sans doute une des nombreuses affaires à suivre dans le secteur de l'énergie et des mines. «Son enjeu est symbolique, il s'agit de la réalité de la dékhelilisation du secteur, tant la sarl Baosem est identifiée à l'ancien ministre de l'Energie et des Mines» explique un cadre de Sonatrach.