Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Lettre de New York : La religion, la politique et les affaires

par E. Zouaimia

Une Amérique toujours aveugle. Malgré qu'elle fût attaquée le 11 septembre 2001, elle n'a pas voulu changer de registre. Le profit avant l'homme, peut-être, et c'est pour cela, en dépit de tout, elle continue de dormir avec le diable (sleeping with devil) comme disait Robert Baer.

Je ne sais pas par quel couloir est arrivé ce Raspoutine d'imam dénommé Fayçal Abdel Raouf, chef de projet de la mosquée Ground Zero, mais tout ce qui a été dit sur ce personnage et sur sa bande, fait réveiller une véritable kyrielle de frissons.

 Il faut bien mentionner que dès qu'on tente de connaître l'itinéraire labyrinthique de cette même bande exclusivement égyptienne, émettrice de fonds du Projet PARK 51(mosquée de New York), on se retrouve toujours devant cette équation : le gouvernement des Etats-Unis (démocrate comme républicain) n'est pas étranger à Fayçal Abdul Raouf et depuis le 11 septembre 2001, l'administration américaine qui souffre de handicap devant la question de l'islam politique, cherche encore la solution soit auprès l'Arabie Saoudite pour humaniser un wahhabisme aliéné, soit du côté de l'Egypte opportuniste en perfectionnant la politique du carnet de chèques (Checking book Policy).

 Modeste collaborateur de presse que je suis, je le dis: la mosquée Ground Zero ne servira pas l'islam, elle va le vilipender car elle s'inscrit avant tout dans la logique d'un islamisme rampant voulant, soi-disant, marquer sa victoire politique au niveau de la ville de New York même.

 Pour s'en rendre compte, il fallait voir cette cohorte de malades mangés par les barbes rougeâtres et répondant aux couleurs du fondamentalisme pakistanais. Venant de partout (de tous les coins des USA), les militants se sont réunis, il y a juste une semaine, dans un hôtel près de l'aéroport Kennedy (New York) pour appuyer le projet de l'imam Abdul Raouf.

 Dans ce consistoire, le rôle d'intellectuels revient évidemment aux moyen-orientaux comme Nihad Awad du Council on American -Islamic Relations de Washington DC, spécialiste dans la demande des subventions auprès de George Bush. Nihad Awad est de ceux qui, au temps du terrorisme barbare en Algérie, imputait les massacres aux généraux. Injure majeure, lorsque la télévision abrutissante de HHC lui avait cédé en 2005-2006 l'antenne pour donner des avis sur les musulmans aux Etats-Unis. Mais la plus inédite reste sa position sur les attentats du 11 septembre 2001. Après avoir reçu des milliers de dollars de la famille Bush (biologique comme politique), Nihad Awad exécute une valse caméléonesque en semant le doute lui aussi sur ces attentats? Une fois Bush parti. En rejoignant le courant (Inside Job), n'était-il pas la personne qui avait actionné à distance le père de Mohamed Atta, le chef du groupe terroriste, pour que ce dernier sort, après 5 ans de silence, afin de déclarer à la presse et à partir du Caire que son fils Mohamed lui avait téléphoné le 12 septembre 2001 !!!!

L'industrie du complot

Beaucoup de supporteurs «musulmans» du projet Mosquée Ground Zero croient que le 11 septembre n'est pas l'œuvre de Ben Laden même si Ben Laden les suppliait pour qu'ils disent que c'est lui. En tout cas, ceux qui ont été vus la semaine dernière à l'hôtel de l'aéroport Kennedy le sont à 90 %. Dans deux années, ils vont dire la même chose sur les actions terroristes de l'AQMI en Afrique du Nord (l'Aqmi une fiction)? car au fur et à mesure que le terrorisme islamiste tombe sous la sanction de l'opinion publique, la thèse du complot s'élargit avec des sorties çà et là pour le maintenir en bonne santé. Selon des sources concordantes, l'Arabie Saoudite avait investi pas moins de 500 millions de dollars pour actionner des publications égyptiennes, françaises, belges et britanniques afin de limiter les dégâts qu'avaient causés au Royaume les attentats du 11 septembre. Et la meilleure manière pour y arriver consiste à lancer l'industrie du complot afin de donner l'âme au wahhabisme, une véritable noria de malheurs.

Toutefois, le paradoxal dans tout cela, c'est encore la position de certains (je dis certains) ultranationalistes israéliens qui considèrent que l'islamisme n'a pas provoqué le désordre escompté, et il n'était pas du tout approprié d'enlever toute l'âme à ce mouvement. Pour rappel, Eliyahu Benilissar (1932-2000), grande figure de la droite israélienne, avait préconisé un désordre à l'Algérie vu sa promiscuité avec l'Europe. Le traitement terroriste s'y prêtait, et c'est pour cela que les mitraillettes UZI s'entassaient à Bruxelles pour arriver gratuitement au GIA. Le résultat est connu.

En 2001, l'Algérie sortie gravement blessée, n'avait pas un seul expert en télécommunication de standard international.

Chrétien hier, musulman aujourd'hui

Revenant à l'hôtel de l'aéroport Kennedy (New York) pour dire qu'une fois la réunion terminée, les activistes ont pris immédiatement le chemin de retour sans voir le site où on devait construire la Mosquée. Mais la nouveauté dans ce conclave, la présence de Sharif Al Gamal «une sommité égyptienne», symbole du succès et promoteur exécutif du Projet de la Mosquée de Manhattan. Sharif qui gère la société immobilière Soho Properties au 552 Broadway, fit une intervention forte intéressante. Pour lui, il est temps pour que les musulmans aient une grande mosquée à New York, et il est prêt à faire tout, pour que ça réussisse? Epoustouflant n'est-ce pas ? Pourtant, au moment où le « Chameau » parlait, son frère Sami Al Gamal et ses deux associés Nour Moussa et Magdy Moussa (héritiers de la Ligue arabe) supervisèrent le déménagement de Soho Properties vers un autre emplacement. Mais où est-ce qu'ils vont ces musulmans sincères qui nous veulent du bien ? La réponse est vite trouvée. Le building 552 Broadway appartient à une société dénommée Royal Crospin Corp qui, selon le Wall Street Journal, avait poursuivi en justice Soho Properties pour un retard de payement de 89.000 dollars. Le Sharif avait déjà payé sur ordre du juge la somme 56.000 dollars et le reste devrait être remis avant le 1er octobre. Mauvais payeur, Soho Properties fut alors invitée à quitter les lieux.

 Le New York Daily News confirme que les Gamel et les Moussa vont se cacher momentanément au niveau de la 27th Street. Ceci au sujet du loyer. Quant aux taxes, allons maintenant au niveau du service financier de la ville de New York, organisme percepteur des taxes foncières et des taxes d'affaires. Les informations récoltées parlent de 8 investisseurs dans le projet Park 51 acheté au montant de 4.8 millions de dollars. Le contrat d'achat mentionne Gamel comme acquéreur et Hisham Al Zenaty comme garant ou endosseur. Mais pour ces deux propriétés, les actionnaires qui vont défendre l'islam, doivent verser à la ville de New York la somme de 270.000 dollars en taxes et intérêt de retard.

 Le 15 septembre passé, Nour Moussa dépose au niveau de l'administration financière les 15% du montant réclamé et en attendant à ce que le projet de la mosquée trouve une issue, un arrangement fut trouvé avec la ville (la commune) pour des payements à échéances. Reste maintenant le cas qui soulève encore beaucoup d'interrogations et démontre à quel point des gens sans scrupule se moquent de la religion et des croyants. Selon le New York Daily News, Sharif natif de Brooklyn (New York) est marié à une chrétienne.Tout cela paraît normal. L'anormal est que ce monsieur né d'une mère catholique polonaise est lui-même catholique de confession. Alors qu'il travaillait en 2002-2003 comme serveur à Serafina Restaurant de New York, Al Gamal jouait un jeu étrange. Pour les uns il est chrétien, pour les autres il est musulman. Ça dépendait du jour.

 La question se complique lorsqu'on découvre que selon les informations portées sur les registres d'adhésion du Jewish Communauty Center de West Side Manhattan, centre que Sharif fréquentait, Gamel chameau se présentait comme juif né de mère juive polonaise.

 A quoi joue ce monsieur ? Est-il affilié à la bourse des religions. Nous allons voir avec sa compatriote Moshira Soleiman qui joue le même jeu que lui? Ça sera dans notre prochain article.