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Chetouane: La pétanque, le «4C» et les nids-de-poule

par Allal Bekkaï

Suite et fin

En attendant, les enfants (garçons et filles) s'adonnent à leurs jeux préférés comme le ballon, les billes, la marelle, la toupie, cache-cache et même «l'escalade» dangereuse sur les murs et le balancement périlleux aux branches des arbres.

Dans le périmètre immédiat se trouvent le nouveau lycée ainsi qu'un CEM en chantier et un site de 50 locaux commerciaux (ANSEJ) en voie d'achèvement. Quant au CFPA, il est situé à quelques encablures (à Aïn Defla). Les enfants fréquentent l'école primaire Mammèche Nadir, les adolescents, le CEM Imam Malek Ibnou Anas et les jeunes, le nouveau lycée. Quant aux résultats de l'année scolaire écoulée (2009/2010), une dizaine aurait réussi au BEM tandis que la moitié (5) aurait décroché le Bac.

La faculté des sciences de l'ingénieur se trouve à quelques encablures de la cité. Par ailleurs, une antenne de l'OPGI assure la gestion de ladite cité (paiement des loyers, maintenance, nettoyage hebdomadaire des blocs, ramassage des détritus). Eu égard à l'exiguïté et la non fonctionnalité du bureau de poste actuel, il est prévu la réalisation d'une agence postale (AP) sur un terrain d'assiette situé à proximité du stade.

Il convient d'indiquer que certains locataires disposent de garages alors que d'autres garent leur véhicule dehors. Ils servent par ailleurs de cagibi ou de refuge pour une partie de cartes sans oublier le rendez-vous du réveillon du pauvre. La fête des Verts fut célébrée là sous le sceau de « Viva l'Algérie ! ». Drapeaux, musique, cortèges, chants, accoutrements et visages grimés ponctuèrent l'ambiance au sein de cette cité populeuse. Quant au Mawlid Ennabaoui, c'est l'overdose en termes de pétards et autres feux d'artifice. Face à l'inconscience des jeunes « pyromanes », certains commerces n'hésitent pas à baisser rideau dès la tombée de la nuit. Nonobstant, les dégâts et les accidents sont inévitables. Un cyber reçut une bonne dose de double canon qui faillit endommager le matériel informatique et provoquer un incendie à l'intérieur du local. Pendant le Ramadhan, les veillées ou plutôt les nuits blanches se passent soit au cyber du coin (jeux ou tchat), soit sous la lumière des réverbères (rami avec enjeu alimentaire, « shour » oblige) ou encore au stade (partie de foot nocturne) éclairé incidemment par les lampadaires du boulevard du commissariat. Le mois sacré n'étant qu'un simple alibi, les veillées continuent après, « arrosées » de musique « MP3 ». Ce qui ne manque pas de déranger les voisins et provoquer quelques incidents pour cause d'insomnie forcée, nous dira un habitant. La police, qui fait certainement des rondes de nuit, devrait sensibiliser ces jeunes noctambules quant au droit des habitants à la tranquillité, estime-t-il. Une cité ne pourra aspirer à la « prospérité » que grâce à ses enfants, la dégradation du cadre de vie ne peut que leur incomber », lâchera péremptoirement et non avec sagesse un habitant. A propos de bruit, une usine de fabrication de gaines électriques a dû changer d'horaire de travail suite aux doléances des riverains. D'autres problèmes de cohabitation surgissent de temps en temps, tels les infiltrations, la surpression de l'eau, la fermeture de la porte d'entrée, les nuisances sonores, les gravats, les disputes entre enfants ? Lors de la saison estivale, une certaine convivialité s'installe entre les habitants dès lors qu'un voisin, propriétaire d'un bus, propose chaque week-end aux familles une virée à la plage (Siga) contre une somme de 150 DA la place (transport gratuit pour les enfants)?Les locaux commerciaux (acquis au titre d'un bail), quand ils ne sont pas carrément fermés (dépôt), voire abandonnés, servent de studio (après transformations) ou abritent des activités commerciales ou libérales (alimentation générale, pièces détachées, pharmacie, cabinet médical, disquaire, vulcanisateur, salle de soins privée, librairie, crèches, auto-école, agence de voyages, agence immobilière, agence de location de voitures, KMS, fast-food, salon de coiffure, salle de jeux, ateliers de réparation de frigos ou de PC?voire même des salles de classe pour les cours dits particuliers?). Cette dernière activité informelle trouve du mal à « s'adapter » en ces lieux, non à cause de la « nature » du local mais en raison des conditions de travail parasitées par les enfants de la cité qui trouvent un malin plaisir à déranger les cours en criant, en donnant des coups sur la porte ou en importunant les « élèves » filles? La sous-location, un créneau juteux bat son plein. Un « garage » aménagé (en « appartement ») est mis actuellement en vente pour 85 millions?Quant à la location, les prix varient entre 5000 DA et 7000 DA?Un logement de fonction (radio) serait indûment occupé, selon un confrère?Abstraction faite de l'acquisition via un dossier à déposer auprès de la daïra en vertu du décret exécutif n°03-269 du 7 août 2003 fixant les conditions et les modalités de cession des biens immobiliers appartenant à l'Etat et aux Offices de promotion et de gestion immobilière (O.P.G.I) mis en exploitation avant le 1er janvier 2004, le loyer d'un F3 est fixé à 1066 DA, celui d'un F2 à 970 DA et 348 DA pour un F1?Les logements situés au dernier étage comportent une terrasse (loggia à ciel ouvert) favorable en été (canicule) et propice en cas de fête?Objet de convoitises «immobilières » et faute d'être aménagé en aire de jeux, le spacieux terre-plein situé au milieu de la cité a été vite aménagé (sauvegardé) en espace vert par un groupe de locataires qui y a réservé un espace pour le jeu de boules. Chaque fin d'après-midi que Dieu fait, la pétanque réunit ses amateurs qui offrent à cette occasion un spectacle pittoresque au milieu de la verdure. Nous avons assisté à une partie à laquelle étaient conviés des joueurs d'Oudjlida dans le cadre d'un échange amical inter cité. Ce comité dynamique a à son actif, faut-il le rappeler, le lifting opéré récemment au niveau de la cité (badigeonnage, plantation d'arbres, installation de bacs à fleurs, transfert des poubelles?) avec le concours précieux des jeunes. Les autorités devraient inscrire un projet sportif sur cette « assiette » (une piscine semi olympique. Le nouveau marché des fruits et légumes qui vient de fermer ses portes pourrait servir de structure d'appoint (piscine de proximité). Un terrain de sport de proximité mitoyen au siège de la sûreté de daïra ne désemplit pas. Des vols de sac à dos ou de ballons y seraient souvent commis. L'oisiveté, du fait des déperditions scolaires, et le chômage aggravé par le « barrage » du SN ou le défaut de qualification professionnelle sans parler de l'obstacle nommé du favoritisme en la matière, n'y sont pas étrangers (par rapport aux deux « hobbies ») . Quand bien même certains jeunes ont réussi à ouvrir vaille que vaille une brèche dans ce mur de mal vie à travers des « petits » métiers (« tabla doukhane », station lavage, serveurs spécial mariages, taxi clandestin, receveur de bus, peintre, apprenti pâtissier, apprenti coiffeur, gardien de parking, business,?). Moult demandes d'emploi, version «agent de sécurité », seraient restées lettre morte, selon un jeune qui nous fera savoir que même la formule « Emploi des jeunes » (ANEM) via l'obtention de la carte bleue relèverait du passe-droit. L'acquisition d'un fourgon de TP « ANSEJ » par un jeune de la cité a constitué un événement dans cette cité populaire, où le secret n'a pas droit de cité, où tout se sait, voire un sujet de jalousie parmi ses pairs qui voient en lui un signe de réussite. Un autre a réussi à trouver un boulot chez son oncle dans une entreprise d'installation de gaz et s'apprête à célébrer son mariage. Le déroulement de ce genre de cérémonie dans une salle de fête, loin de la cité, casse son charme « populaire » in situ et parasite la convivialité débordante intra muros tant recherchée par ces jeunes en mal de défoulement. On compense avec l'ambiance du « w'chi » à domicile? Deux autres ont choisi l'uniforme (gendarmerie et armée). Des clubs de foot (WAT et USMAnnaba) ont eux aussi attiré deux « professionnels ». A noter qu'un jeune de la cité aurait tenté dernièrement la « harga » et se trouverait actuellement en Espagne, croit-on savoir. Nonobstant, certains se shooteraient au cannabis qui ferait rage, à en croire un jeune. « J'habite ici depuis 1997 mais j'ai du mal à supporter l'atmosphère qui y règne, il y a longtemps que j'ai opté pour un « exil » intérieur », nous confiera Abdeldjelil, étudiant en français des affaires (3è année). A contrario, son copain Habib, lycéen (2èAS/langues) nous avoue qu'« il y a une bonne ambiance dans la cité où j'entretiens des relations amicales avec les jeunes? ». Il faut souligner que la solidarité est de mise ici : une famille bienfaitrice a pris en charge quatre orphelins à la suite du décès de leurs parents (deux jeunes frères sans travail avec leurs deux petites sœurs scolarisées dans le primaire). A?(17 ans) fait le garçon de courses ou offre ses «muscles » comme manœuvre mais compte s'inscrire au CFPA pour une formation en coiffure tandis que son frère I?(18 ans), a fui son patron pâtissier qui ne l'aurait pas payé. Aux dernières nouvelles, les deux frères vivent seuls dans un studio dans la cité et leurs deux sœurs sont hébergées par leur oncle à Tlemcen. A ce propos, une requête aurait été adressée par des voisins à la DAS la sollicitant pour une assistance sociale (matérielle et morale) au profit de ce quatuor orphelin mais, a priori, aucune suite n'a été réservée à cette démarche humanitaire. Enfin, il convient de mentionner qu'au départ, c'est-à-dire lors de son inauguration en 1997, la cité des 270 Logts devait porter le nom du Dr Benaouda Benzerdjeb (le PV de délibérations de l'APC faisant foi) avec un portait géant de l'illustre médecin martyr peint sur la façade d'un bloc (est)?