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Le développement des évènements suite à l'enlèvement au Sahel des cinq ressortissants français ne présage rien de bon pour les relations algéro-françaises. L'on voit mal en effet comment celles-ci ne seront pas affectées négativement au cas où la France en viendrait à payer une rançon au groupe terroriste d'Aqmi en échange de la libération de ses ressortissants kidnappés. Ce genre de troc, l'Algérie le fustige et plaide pour que les Etats le criminalisent, au motif très réel qu'il renforce les organisations terroristes qui s'y adonnent. S'agissant en l'occurrence d'Aqmi, qui sévit également en territoire algérien, l'Algérie est encore plus fondée à ne pas fermer les yeux sur l'éventuelle libération des otages français au prix d'une rançon financière. Or, c'est la voie pour laquelle a apparemment opté l'Elysée, qui a fait savoir que la France est prête à discuter avec les ravisseurs. Discussions au cours desquelles Paris sait pertinemment qu'il sera question de rançon. Peut-être que de son point de vue, Nicolas Sarkozy n'a pas d'autre choix que de négocier avec les ravisseurs. Coincé qu'il se trouve entre son opinion nationale émue par le sort des otages et peu regardante sur les moyens dont l'Etat français userait pour les ramener sains et saufs, et des opposants politiques prompts à lui reprocher de ne pas avoir tout mis en œuvre pour les sauver. Les Algériens ne sont pas insensibles au calvaire des otages et au dilemme qu'endurent les autorités françaises dans cette affaire. Mais à leurs yeux, l'enjeu qui est en cause pour l'Algérie et l'ensemble de la région du Sahel est beaucoup plus fort et que ce n'est pas en abdiquant devant le groupe terroriste ravisseur que les Etats feront preuve de cohérence dans leur façon de vouloir mettre en échec le danger terroriste qui s'est installé dans la région. Confrontées pour des raisons différentes au même ennemi terroriste, l'Aqmi en l'occurrence, l'Algérie et la France ont a priori intérêt à développer une coopération exemplaire visant à sa traque et à l'élimination de la nuisance. Sauf que l'Aqmi les a piégés en se redéployant dans une zone, le Sahel, où leurs intérêts stratégiques nationaux divergent. Et leur divergence leur fait soutenir des points de vue antagonistes en matière de lutte contre le terrorisme en ce lieu. Pour l'Algérie, cette lutte est l'affaire des Etats sahéliens ou riverains, auxquels les pays extra régionaux doivent se limiter à fournir l'aide matérielle, financière et technologique pour la mener. La France, qui a des intérêts économiques substantiels dans la région, fait au contraire tout pour devenir le chef d'orchestre de cette lutte antiterroriste au Sahel, quitte à se brouiller avec l'Algérie. Depuis que le Sahel est devenu le terrain de manœuvre de l'Aqmi, la France n'a eu de cesse de manœuvrer en direction de la Mauritanie, du Niger et du Mali pour les dissuader de s'engager pleinement avec l'Algérie sur sa stratégie de coopération uniquement régionale en matière de lutte anti-terroriste. Ses manœuvres portent des fruits puisque, en dépit de leurs proclamations officielles, ces Etats peinent à travailler ensemble contre le fléau terroriste. Si la France embarque à nouveau la Mauritanie et le Mali dans des tractations avec l'Aqmi auxquelles elle est prête, il s'instaurera entre elle et l'Algérie un climat peu propice aux efforts de normalisation de leurs relations, que par ailleurs toutes deux ont engagés par de multiples voies. |
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