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La ville veut sortir ses tunnels de l'obscurité

par A. E. A.

Les ponts suspendus donnant le vertige, la mosquée Emir Abdelkader au luxe raffiné, l'université Mentouri à l'architecture futuriste et le palais du Bey rénové et récemment rouvert comptent parmi les plus beaux joyaux que recèle Constantine. Cependant, le Vieux Rocher en compte d'autres dans ses «entrailles» et profondeurs, qui ne demandent qu'à être mis en valeur. C'est en tout cas ce que pense le président de la commission de la culture de l'APW, Badis Foughali, qui précise que «ces joyaux concernent des grottes, tunnels et galeries souterraines, des abris historiques ainsi que des sites archéologiques et touristiques qui se trouvent sous la ville. Sa commission, dit-il, avait pour mission de recenser tous ces trésors et de proposer des aménagements à même de les mettre au goût du jour, et ce, dans le but d'une future exploitation touristique». Ainsi, pour ce qui concerne les abris, notre interlocuteur fera état de deux d'entre eux dont notamment celui situé au centre ville, sous le marché de Boumezzou. Son entrée se trouvant du côté du parking à proximité, et il consiste en des galeries avec deux sorties, une débouchant du côté du palais de justice et l'autre, située sous le flanc nord du marché en question et donnant sur la ville de Hamma Bouziane. Cet abri est en général en «bon» état. Alors que celui de «Rahbet Essouf», dont l'entrée est située du côté de Hammam Bougueffa, et dont on dit qu'il s'étend jusqu'à la place d'Err'cif, soit sur une importante distance. Nous n'avons pas pu le visiter en entier, en raison du fait qu'il était muré à certains endroits. L'abri a besoin d'un grand nettoyage, d'éclairage et surtout de réparation de certains de ses tronçons. Pour ce qui a trait aux tunnels, et ils sont nombreux. Mais les plus importants sont au nombre de trois, dont celui situé dans la rue Larbi M'hidi, au niveau de l'hôtel de Paris. Celui-ci a une particularité, il est construit en colimaçon et descend jusqu'au lit de l'oued Rhumel, affirment certains. Un sérieux obstacle d'eaux agglutinées et d'autres matériaux ont écourté notre visite à une quinzaine de mètres de profondeur. Et apparemment, ajoute notre interlocuteur, il faut des moyens matériels conséquents pour pouvoir avancer et voir de plus près. L'autre tunnel est celui connu sous le nom de «Moulin de Sidi M'cid», œuvre qui s'étend sur 1.500 mètres et débouche sur l'avenue Aouati Mostefa. Il nous a fallu 45 minutes pour le parcourir en entier, il a été creusé par un colon qui lui servait à alimenter son moulin, situé à Sidi M'cid, en blé qu'il ramenait des silos situés 1.500 mètres plus loin. Le dernier de ces tunnels est situé à la rue Taleb Mokhtar à la Casbah. Il s'agit d'une œuvre de l'époque turque fermée par du béton et qu'on dit qu'il se prolonge jusqu'au lit du Rhumel. Muré comme il est, il n'a pas été possible de le prospecter plus loin. Il nécessite de gros moyens matériels pour voir exactement ce qu'il recèle. Concernant les sites archéologiques, il y a lieu d'indiquer le plus important situé sous le marché Boumezzou et comportant deux arcs de triomphe, dont un est encore debout et comporte l'inscription en latin «Bab Cirta», et d'autres encore qui gagneraient à être déchiffrées. Tous ces trésors et bien d'autres encore que nous projetons de voir de plus près prochainement, cachés dans les profondeurs de la ville, ont un impérieux besoin d'être mis en valeur dans le cadre d'une politique de promotion du tourisme, conclut-il.