|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Le Service d'épidémiologie et de médecine préventive (SEMEP) de
l'Etablissement public de santé de proximité (EPSP) d'Es-Seddikia est depuis
plus d'une vingtaine de jours sans la moindre dose de deux vaccins importants,
le vaccin contre la poliomyélite et le Hib (Haemophilus influenza de type b).
Les parents qui se dirigent vers les 17 PMI (centres de vaccination) relevant de cette structure pour effectuer ces deux vaccins à leurs enfants reçoivent la même réponse : «le vaccin n'est plus disponible. Il faut revenir plus tard.» Mais ce qui pourrait s'expliquer par la thèse fort courante d'une rupture de stock, tout à fait compréhensible vu le nombre important de DMI qu'alimente le SEMEP en question, dont le siège se trouve à El-Barki (l'EPSP Es-Seddikia couvre une population globale estimée à plus de 500.000 habitants), s'avère désormais, du moins selon des sources concordantes, avoir une tout autre explication. Selon les mêmes sources, «il y aurait une quantité importante de vaccins qui aurait viré à cause de l'arrêt des réfrigérateurs après une coupure d'électricité et le non-fonctionnement du groupe électrogène, ce qui l'a rendue non utilisable». En d'autres termes, la qualité du vaccin en question «aurait été détériorée», non pas parce que la date de péremption du produit est dépassée, mais parce que «la chaîne de froid a été rompue». Pour vérifier la véracité de ces assertions, on a d'abord posé la question au chef du service prévention au niveau de la Direction de la santé et de la population (DSP), le docteur Belarbi. Après avoir contacté le SEMEP Es-Seddikia par téléphone, le docteur Belarbi affirme qu'il y a «une rupture de stock du vaccin Hib». En revanche, pour le vaccin de la polio, elle confirmera «qu'effectivement, il y a des vaccins qui ont viré», mais sans en préciser la quantité exacte. Selon les explications qu'elle a reçues du SEMEP, «ces vaccins virés l'étaient déjà à la source, c'est-à-dire au niveau de l'institut Pasteur, avant même qu'ils n'arrivent au SEMEP.» Pour avoir plus de précisions, nous nous sommes dès lors dirigés vers le docteur Tazi, directeur de l'EPSP du Front de mer, qui est la tutelle directe du SEMEP El-Barki. Et là, surprise, le docteur Tazi admet une rupture de stock mais infirme toute thèse de vaccin qui aurait viré au niveau du SEMEP qu'il chapeaute. L'information, il la tient du médecin-chef du SEMEP lui-même, le docteur Djezzar. Ce dernier est catégorique : il y a des vaccins qui ont viré dans 3 autres SEMEP, mais pas au niveau du SEMEP qu'il dirige. Néanmoins, il a admis qu'une coupure d'électricité qui a duré 3 heures s'est produite il y a une dizaine de jours, mais que le groupe électrogène a bel et bien fonctionné (l'entretien s'est déroulé au téléphone, jeudi dernier 16 septembre). Nos tentatives pour nous rapprocher du directeur de la santé et de la population de la wilaya d'Oran se sont avérées vaines. Nous avons réussi à le rencontrer dimanche dernier en marge du briefing de la wilaya, mais il a refusé de faire la moindre déclaration à la presse. A noter enfin que le vaccin anti-polio, au même titre que beaucoup d'autres vaccins, est considéré comme très vulnérable à la chaleur. Son transport, sa manipulation et son entreposage doivent obéir à une procédure très stricte, sinon il risque de perdre de son activité ou devenir carrément inactif. Dès leur réception, les vaccins sont placés immédiatement dans le réfrigérateur en fonction de leur date de péremption. Les vaccins sont maintenus entre 2 et 8 °C dès leur réception et jusqu'à leur administration aux patients. Il y a des accumulateurs de froid (ice packs) non congelés au haut, au bas et dans la porte du réfrigérateur pour stabiliser la température de celui-ci. Le vaccin est sorti du réfrigérateur seulement pour son utilisation immédiate. |
|