L'Etat algérien est plus que jamais décidé à reprendre le second
opérateur de téléphonie mobile, OTA. Après s'être opposé à une opération de
vente au Sud-africain MTN pour une valeur de 7,8 milliards de dollars, l'Etat
algérien a fait prévaloir son droit de préemption sur Djezzy. Selon le ministre
des Finances, Karim Djoudi, en matière de cession de participations des
sociétés étrangères en activité en Algérie, celles-ci «doivent se plier aux
lois et aux règlements algériens». «Dans le cas de Djezzy, l'Etat algérien
affiche sa volonté d'exercer son droit de préemption à hauteur de 100% et de
reprendre à 100% son capital», avait-t-il encore affirmé, lors de ses
interventions devant la presse au cours de cet été sur le dossier d'OTA. Mais,
pour le moment, l'Etat algérien n'a pas encore fait d'offre au groupe Orascom.
Pour autant, l'Etat «veut préserver l'entreprise Djezzy telle quelle. Préserver
son réseau, son potentiel d'encadrement, son personnel et son portefeuille
clientèle également», a assuré hier Moussa Benhamadi, ministre de la Poste et
des Technologies de la communication, à la Chaîne III de la radio nationale.
Benhamadi confirme que «nous n'avons donc aucune intention de déstabiliser
Djezzy, surtout qu'il s'agit d'une affaire qui marche bien. Nous voulons donc
récupérer l'entreprise dans les meilleures conditions possibles». Le ministre
de la Poste et des TIC vient ainsi confirmer les intentions de l'Algérie dans
ce dossier, car il est devenu évident que l'Algérie ne cédera pas un pouce de
terrain sur ce dossier, se réservant le droit de racheter le capital d'OTA,
quitte ensuite, selon des informations non confirmées, à revendre une partie de
ce capital à un autre opérateur de téléphonie mobile. M. Benhamadi précisera
que: «c'est une question de temps. La décision politique a été prise pour
l'acquisition de Djezzy. Nous essayons d'aller vite. Le processus est engagé,
le dossier est ouvert. Ce n'est pas une affaire facile», avant de lancer qu'
«il faut laisser le dossier se développer naturellement». Pour définir la
valeur d'OTA, l'Etat algérien a désigné un expert algérien pour estimer la
valeur de Djezzy, avec l'appui de bureaux d'études étrangers. Les résultats de
ces estimations sont attendus pour la fin de l'année et la valeur réelle de
Djezzy, sera donc annoncée officiellement. Les négociations avec le groupe
Orascom pourront, dès lors, débuter pour le rachat à 100 % de Djeezy par l'Etat
Algérien. A Londres, le magnat égyptien et propriétaire d'Orascom Télecom
Holding, Naguib Sawiris, avait accusé le gouvernement algérien d'exercer des
pressions sur sa filiale algérienne, Djezzy. «Nous avons atteint une part de
marché de plus de 70% dans les télécoms où il y a trois acteurs. Nous sommes
les plus grands et ils ont commencé à exercer des pressions sur nous pour la
simple raison que nous étions très rentables et que nous avions réussi», avait
souligné Sawiris, au Sommet des marchés émergents organisé par l'hebdomadaire
britannique «The Economist». La fin de l'idylle en Algérie d'OTA avait débuté
en 2009, lorsque Orascom avait vendu sa filiale Orascom Ciment, au groupe
français Lafarge.
L'Etat algérien, qui avait mal
apprécié de n'en avoir pas été informé, a décidé d'agir et a fait prévaloir son
droit de préemption lorsque, au plus mal des relations algero-égyptiennes, le
groupe de Sawiris avait décidé de vendre sa filiale algérienne au Sud-africain
MTN. Dans la foulée, l'opérateur Djezzy avait fait l'objet d'un redressement
fiscal de 597 millions de dollars et d'une mesure d'interdiction de transfert
de fonds vers l'étranger.