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Le LSP est mort.
Il aurait fait tant d'émules que de victimes. Le LPA vient ainsi en
remplacement pour s'ériger sur les ruines de son prédécesseur.
La différence n'aurait été que dans l'appellation. La cellule étant la même. Les effets toujours identiques. Peut-on indéfiniment parler de mafia lorsque, à bon escient ou maladroitement, l'on aborde le sujet foncier ? Le pays sous ces extractions de lots ne cesse de se rétrécir. Y aurait-il quelque part une assiette à même de contenir décemment le programme de logements ambitionné par le président de la République ? Le foncier est devenu, par manipulation financière, l'une des plus importantes sources d'enrichissement. Légal ou illégal, il continue d'attirer les appétences des compétiteurs. Le sens insouciant que concède la désinvolture des gestionnaires fonciers, obscurcit parfois la tonalité d'un discours de traque et de lutte contre les dilapidateurs des réserves vitales. Les propos lancés dans ce sens par certains walis ou élus nationaux somme toute enrobés de brouille politicienne ou d'envie égocentrique de se faire voir tel un justicier châtiant les méchants et préservant la terre, rejoignent sans façon aucune toutes les oraisons des chantres du nationalisme et des choristes du système mélodramatique. Il n'y a plus de lopins viables. Tout a été en une décennie bradé, vendu et revendu, autant de fois et de fois. L'on s'attaque après cela aux terres agricoles. Les CALPI, comités techniques, l'APSI, avaient fait naître sans douleur une nouvelle caste de richissimes potentats. Sous une dénomination pompeuse d'industriels, d'investisseurs, de promoteurs et à l'aide d'une loi et de beaucoup de textes, des usines, manufactures, minoteries et autres subterfuges ont vu le jour en pleine nuit du chaos national. La plupart n'étant encore que sur papier. La complicité et le laxisme d'une administration fragilisée, première victime du désastre national, avaient aidé à accélérer le rythme de l'effondrement. La ville a certes pris des allures d'une métropole. Une grande métropole. Des milliers de logements y sont construits, tous segments confondus. Du participatif au locatif passant par le promotionnel et le personnel, le logement semble devenir le couplet le plus entonné, tant dans le discours, au sein des bilans que dans l'approvisionnement du commérage et la digression. Il ne s'est empêché de créer involontairement des adeptes et des dissidents. Pour les premiers, il est pris pour la panacée face au déficit itératif que connaît le parc immobilier et qu'accentue davantage la demande sans cesse croissante. Ils y voient un nouvel élan dans le développement économique régional par l'essor qu'il arrive à susciter dans l'intérêt de s'y installer. La machine locale et aussi extra-locale du bâtiment et de ses démembrements y trouve un moyen de prospérité. Pour les seconds, il n'est qu'un facteur essentiel dans l'accroissement démographique inutile et engendrant dans son sillage des effets pervers à subir par le noyau urbain central. Ces effets s'étendent pour s'affirmer à rendre quasiment impuissante toute politique communale d'entretien et de quête de propreté. Comme il est quelque part appréhendé un certain non suivi ou espacement comportemental citadinement exemplaire. Un écart dans l'attitude citadine. Autrement dit, l'exode rural n'apporte rien à la ville, à l'exception de ce manque de citadinité, la boue dans la tête, le crachat dans la rue. Par ailleurs, cette formule d'accession au logement, facile et peu coûteuse au demeurant, permet à quiconque de venir s'installer là où les enfants de la ville n'y trouvent pas refuge, car préférant se rabattre encore sur le social. Le LSP, appelé maintenant LPA (logement promotionnel aidé), dit-on, aurait grevé davantage la trésorerie de ses acquéreurs. Limités dans le revenu, ils s'hypothéquaient à vie, au remboursement de leurs dettes bancaires. Ainsi dans les endroits les plus structurés, l'on y voit des quartiers, jadis faisant le fleuron esthétique de la ville, connaître une métamorphose les jetant davantage dans la notion anarchique du lotissement, de la périphérie ou des réserves foncières communales. Ces termes renferment quand bien même un style donné d'une certaine construction. Grande mais décadente. Les lilas qui ornaient dans le temps les jardins de villas ont été désherbés pour faire honneur à l'implantation d'immeubles hideux car immenses, secs car désherbés, sans forme allègre car cubiques. Le LSP aurait exigé que toutes les marches et contremarches des escaliers collectifs soient en marbre dur et pur. Les cités bien cernées et clôturées. Certes, c'est un bond que l'on dit qualitatif, mais qui reste en deçà des exigences que recommande la vision légitime d'une meilleure vie collective. Plus particulièrement dans une ville. Certaines cités de LSP font peur. A voir toute une ligne du RDC en rideaux métalliques fermés, et alignés comme une rangée de soldats, à ne pas voir des ascenseurs ça vous donne l'envie de fuir ce monde. La vie n'y est pas. Et si l'on arrête de construire des cités dans le chef-lieu des grosses communes ? L'exemple de Sétif est édifiant. Les «cité des?» étranglent la ville et ses habitants. Partir et construire ailleurs ces cités, loin, dans les agglomérations secondaires, vers d'autres communes du nord, contribuerait à alléger la tension sous toutes ses formes. Urbaines, financières et artérielles ! Mais à vrai dire qui peut être derrière tout ce marasme de mal-vie intra-muros ? L'auto-constructeur, le gouverneur ou le concepteur ? L'ensemble, diront les uns. Le denier plus que les autres, diront les autres. Finalement l'on s'aperçoit que gérer une ville demeure plus laborieux que de diriger un peuple. La ville est une idée. Le peuple un ensemble de besoins. Le satisfaire resterait une question de bons de commande tout simplement. Alors qu'avoir une idée, la bonne, la plus utile, la nécessaire et la moins encombrante, ce n'est pas un petit jeu. Dessiner la ville dans son ensemble naturel n'est de surcroît qu'un simple coup de crayon et un va-et-vient rapide d'une gomme. Toute l'atrocité actuelle de nos villes, bourgs et bourgades a à l'origine une idée datant dès l'ouverture des transactions foncières. Avec cette affluence vers les lots de terrain qui continue d'ailleurs, les lots marginaux, les quatre façades, les pourvoyeurs du foncier, les dessinateurs et les créateurs de concepts ne pensaient pas arriver un jour à reproduire des étrangetés inhabitables, ingérables et irrespirables. La densité fait que les r plus x font étouffer le passant et le résident. Les ruelles ont remplacé les boulevards qui devaient assurer une bonne harmonie architecturale ainsi qu'une fluidité circulatoire. Dans ces béton-villes la vie n'est perçue qu'au crépuscule. Cités-dortoirs ou villes sans âme. Là, dans ces lotissements, dans ces ZHUN, dans ces coopératives immobilières la vie prend un autre sens. Venir dormir et s'en aller. La vie est ailleurs. Dans la place d'antan. Dans le centre-ville. Il n'y a plus de différence entre une ville, un village et une campagne. Tout se confond. La ville étend sa citadinité jusqu'à mettre en construction autour de son noyau central des habitations ressemblant plus à des villages qu'à des périphéries. Le village, quant à lui, dans son élan expansionniste arrive à défier, sans l'atteindre, la norme citadine qui fait d'une ville une ville. Et là toutes les nuances sémantiques sont d'actualité : les rutadins, les rurbains et les citaruraux. Tous, brandissent les termes d'une loi. Ou ceux d'un droit. Mais aucun ne semble responsable du dénuement qui caractérise le tissu urbain de nos villes et villages. La postérité saura retenir, elle le fait déjà, à quel niveau de déliquescence, certains gouverneurs ou sous-gouverneurs se prévalaient d'une apparence rigoureusement légaliste au moment où dans les officines notariales se dressaient les actes de constitution de coopératives immobilières, de promotion et d'auto-constructions. La dilapidation connaît sataniquement toute forme de statut juridique. La loi est manœuvrée comme l'est le procès-verbal d'une délibération municipale. La mémoire collectivement visuelle retiendra dans ses annales que des immeubles et des bâtisses furent érigés tant sur des trottoirs, des placettes publiques qu'au-dessus de canaux d'évacuation ou sur des sites archéologiques et historiques. Le silence et la complicité eurent été justifiés en vertu d'un arsenal réglementaire, sans doute subrepticement contourné. Les résidences ont remplacé la forêt, les magasins le mont d'arbustes et de plants. C'est sur les traces de ces pins, arbustes et plants que les boulevards cossus et sinueux naissent et allèchent les inassouvis du gain des garages et des magasins. Alors à l'instar de toutes les villes, Sétif se meurt petit à petit comme le sont d'ailleurs ses bordures en pierres taillées. Il disparaît en silence dans les paraphes peu enclins au contrôle rigoureux des normes imposées pour l'octroi du permis de construire. Il se perd aussi dans l'écart que l'on conserve ou non pour ses références urbaines qui ont vu grandir au fil du bon temps bon nombre de ses enfants. Voilà que l'on s'attaque maintenant au noyau dur du centre-ville. On y bâtit sur la destruction d'anciennes villas des immeubles effrayants dits promotionnels ! Construire c'est créer. Démolir pour bien construire est parfois vital. Bien construire c'est bien habiter, diraient les avertis. Bien construire c'est envahir tout le terrain, diraient les rationalistes mercantiles. Mais construire n'est jamais détruire le beau, anéantir l'historique, ou putréfier le naturel ! Est-il temps d'arrêter cette disparition progressive ? La convoitise effrénée est par tout et nulle part. Rien ne lui s'oppose. Ni les lettres ouvertes, ni les communiqués aspirant à vouloir les fermer. Le mal est dans l'unité de mesure, dans l'are et la concession foncière tel le ver dans le fruit. L'assainissement du foncier se pratique, dans le cadre d'une éthique, par des travaux de déblaiement de détritus rituels, de nivellement de l'espace spirituel et de ravalement de façades à opérer au niveau des immeubles qui contiennent la conscience. Les formules d'associations, d'auto-construction, de promotion, de coopérative immobilière ou d'investissement économique ont été également un moyen légalement adéquat pour permettre d'étriquer l'assiette foncière communale. Le détournement de destination privilégiée n'émeut personne quand bien même il fut décidé un certain moment du gel de l'octroi de terrains. Les projets d'hôtels furent sans surprise transformés en logements ou en demeures de maîtres, les possibilités d'extension spatiale notamment des écoles ont été l'objet de rudes et âpres batailles. La connivence, l'intérêt personnel et restreint ont eu des pour et des contre. Le pays s'étire hélas comme une peau de chagrin. En somme, toute la gestion du foncier a et l'est toujours cette grande tracasserie qui hante les responsables. Elle leur est tel un mal nécessaire. Parfois à leur corps défendant. Sur un autre chapitre, les scandales liés au foncier n'ont eu comme impact que quelques ?pauvres' boucs émissaires. Ce ne seront pas messieurs Frik ou Bouricha respectivement ex-wali d'Oran et de Blida à qui l'on oserait en toute pleine évidence coller tous les affres de la déchéance gestionnelle du dossier foncier. D'autres, Frik ou Bouricha, sous d'autres noms, sous un autre poste ont officié de près ou de loin ou le font encore à accentuer le pourrissement du dossier. La situation laissée fait qu'il est impossible pour un gestionnaire d'exécutif local, quand bien même animé d'un haut sens étatique, de pouvoir régler quelque peu le dossier prévalant dans son département. S'il y touche, l'on y touchera là où il officiait. A défaut d'y toucher, il aurait manqué de zèle. De cran. Néanmoins il reste à relever à l'honneur de certains walis ou ex-walis, le devoir combien difficile d'avoir eu dans des conditions pas toujours meilleures d'oser, à la mode gouvernementale d'alors, lancer de nouvelles formules d'accession aux logements. Ils affrontaient seuls le risque en encourageant l'idée et l'action de l'acte de bâtir. Leur audace managériale leur valut par effet de ricochet des effets pervers dus essentiellement à la mauvaise foi du partenariat entrepreneurial sélectionné. Que de fortunes furent bâties ainsi par la grâce d'un simple paraphe ! L'habitat en général manque encore d'une maturité politique dans sa globalité. Le logement est ainsi et le restera pour longtemps le souci majeur et controversé dans le développement de la société. Il est au centre de toute la problématique nationale. |
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