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Les contre-feux sécuritaires allumés par le président
français Nicolas Sarkozy et accentués par son ministre de l'Intérieur pour
créer un écran de fumée face aux scandales révélant une proximité plus
qu'excessive du pouvoir avec les forces de l'argent, tournent au fiasco
politique général.
La manœuvre froide de stigmatisation des Français «d'origine» lointaine et les dérapages politico-sécuritaires sur les Roms se retournent contre leurs initiateurs. L'impopularité du président français reste intacte et des sondages montrent que les électeurs de droite considèrent que son ennemi politique personnel, Dominique de Villepin, ferait un meilleur candidat à la prochaine présidentielle. Les dégâts occasionnés à l'image externe de la France par le recours compulsif à l'argument sécuritaire et à celui de la peur sont incroyablement élevés. Il est rare qu'un gouvernement européen soit tancé aussi vertement que l'a été celui de la France, hier, par Mme Viviane Reding, la commissaire européenne en charge de la Justice. Elle a annoncé une double procédure d'infraction contre la politique de la France à l'égard des Roms. La première, pour non-respect des garanties légales prévues par la directive sur la libre circulation des ressortissants européens en cas d'expulsion, et la seconde, sur le caractère discriminatoire des mesures décidées en France contre les Roms. Le ministère français de l'Intérieur avait, il est vrai, franchi toutes les limites en pondant une circulaire administrative ciblant «en priorité» les Roms. Le coup de semonce de Bruxelles, qui a suscité une réaction plutôt molle du Quai d'Orsay, montre que les diversions politiciennes du pouvoir français tournent au désastre diplomatique. Même Fidel Castro, de sa lointaine retraite active, se demande si le président français a toute sa santé mentale, alors qu'il dispose lui aussi d'une «mallette avec les codes pour lancer une des plus de trois cents bombes qu'il possède». La supposition du Lider Maximo est une clause de style d'un homme plein de verve. Le président Nicolas Sarkozy n'est pas un fou, c'est un joueur. Et comme tous les joueurs accros, il a tendance à surjouer et à commettre des redoutables manœuvres en trop. Il est possible désormais de faire un prébilan du virage sécuritaire anti-étranger de la com présidentielle française. L'impopularité du président reste élevée. A l'évidence, l'opération siphonage de l'électorat lepéniste ne fonctionne plus, le Front national menant une campagne active sur le thème «offrez-vous l'original au lieu de la copie». Le propre camp du président se fissure sur ces opérations de diversion et de division. Que Dominique de Villepin, qui ne dispose pas d'une machine politique à son service, puisse être une alternative à droite est très significatif. Le plus remarquable est que l'affaire Woerth est plus présente que jamais dans l'espace public français et elle fragilise à l'extrême un ministre chargé de la délicate mission de faire passer une réforme de la retraite particulièrement impopulaire. L'affaire s'est «enrichie» désormais d'une accusation contre l'Elysée d'utiliser un service de renseignements, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), pour identifier une source du journal Le Monde dans l'affaire Woerth. Tout ça pour ça ? Les contre-feux sont en train de brûler ceux qui ont cru bon de les allumer. |
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