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Après l'église baptiste: Des coptes veulent brûler le Coran

par Yazid Alilat

Cela est devenu un sport d'actualité : agresser les musulmans, jusque dans leur Livre sacré. Après la lubie avortée d'un pasteur inconnu d'un village anonyme de Floride, les coptes vivant aux Etats-Unis ont lancé un appel pour brûler le Saint Coran.

 C'était lors de manifestations de soutien au projet du pasteur Terry Johnes, vendredi dernier à Washington, de coptes d'origine égyptienne. Selon la revue égyptienne «Al Masryoune», les coptes de l'immigration, résidant notamment aux Etats-Unis, ont inauguré vendredi dernier une vaste campagne internationale pour brûler le Coran. Il s'agit, selon la même revue, d'associations et organisations coptes établies dans les grandes villes américaines de la côte est, qui ont annoncé leur intention de brûler le Coran, après la tentative avortée du pasteur Terry Johnes. Selon des activistes coptes, quatre associations coptes avaient manifesté à Washington, en faveur du projet du pasteur T. Johnes de brûler le Coran, le qualifiant de «héro».

 Ces associations et organisations coptes issues de l'immigration et résidant aux Etats-Unis avaient manifesté vendredi devant le siège de la presse internationale à Washington, à la veille de la commémoration des attentats du 11 septembre 2001, pour soutenir le projet du pasteur de brûler le Coran. Le président de l'association nationale copte américaine, Maurice Sadeq, a même annoncé que son association a décidé de brûler 100 exemplaires du Coran dans le cas d'un enlèvement soit d'une femme ou d'une fillette copte, qui ne serait pas retrouvée par la police.

 Les menaces des coptes égyptiens émigrés aux Etats-Unis interviennent dans un contexte international maqué par les inquiétudes quant aux conséquences de ces appels à brûler le Coran, sachant que les musulmans dans le monde ne vont que répliquer à de telles campagnes de haine envers l'Islam. Les Américains le savent, et ont tout fait pour faire avorter le projet du pasteur de Gainsville. L'appel des coptes américains, d'origine égyptienne, pour brûler des exemplaires du Coran, n'est pas sans rappeler la situation anachronique que vit cette communauté religieuse en Egypte, la plus importante des églises orthodoxes coptes dans le monde. L'église orthodoxe copte actuelle est dirigée par le patriarche ou pape Chenouda III. En fait, les coptes d'Egypte représentent une communauté de quelque 12 millions de personnes, et constituent la plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient.

 Fiers de leurs origines (le mot «copte» dériverait du grec aiguptios), ils se considèrent comme les descendants des pharaons, mais sont systématiquement évincés des postes de responsabilité dans l'administration et dans l'armée. La Constitution égyptienne étant fondée sur la Chariâa, ils sont aussi exclus de facto de certaines hautes fonctions, comme la présidence de la République. Le Parlement égyptien ne compte qu'un seul copte sur 454 députés. Et, depuis de nombreuses années, des frictions religieuses sont enregistrées dans les villages où sont établies des communautés coptes.

 Et les affrontements intercommunautaires, parfois meurtriers, se sont multipliés en Egypte, poussant les chrétiens coptes à s'exiler. Aux Etats-Unis, ils seraient, selon les estimations, entre 250.000 et 500.000 personnes exilées, et plusieurs dizaines de milliers au Canada et en Australie, qui compte plusieurs églises orthodoxes. Si les motivations économiques sont importantes, le contexte religieux, marqué par une forte réislamisation, pèse aussi dans le départ en masse des coptes d'Egypte, selon des experts. Dès lors, les persécutions, supposées ou réelles des coptes en Egypte, d'ailleurs leur patrie, expliquent-elles cette volonté inconsidérée de provoquer le monde musulman en annonçant un autodafé du Saint Coran ?