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Abbas consulte Tripoli et Tunis mais ignore Alger

par Kharroubi Habib

De retour de Washington après avoir pris part à la séance inaugurale des négociations directes israélo-palestiniennes, Mahmoud Abbas a fait escale à Tripoli puis un crochet à Tunis pour informer Muammar El Kadhafi et Zine El Abidine Benali de ce qui s'est dit dans la capitale américaine.

 Il n'a pas jugé utile de faire la même politesse au président Bouteflika en faisant ostensiblement l'impasse d'une visite en la circonstance à Alger. Ce qui est on ne peut plus significatif que le courant ne passe pas entre les deux hommes. Au point qu'ils n'ont eu de contacts directs qu'en de rares occasions, presque toutes en pays tiers où tous deux se trouvaient en tant que participants à des sommets ou à des forums internationaux.

 Contrairement à son prédécesseur Yasser Arafat, Mahmoud Abbas n'a que très peu pris la destination d'Alger. Pourtant, officiellement, l'Algérie exprime une solidarité à la cause palestinienne dont la constance ne s'est jamais démentie. Sauf que tout en s'en tenant à ce principe, elle est loin d'approuver les choix tactiques qui sont ceux de Mahmoud Abbas en vue censément de faire aboutir cette cause. Bouteflika n'est pas contre la paix négociée avec Israël pour mettre fin au conflit palestino-israélien. Ce qu'il reproche à Mahmoud Abbas est de ne pas avoir su préserver l'unité du mouvement national palestinien en prévision d'une négociation de paix avec l'Etat hébreu. De ce fait, l'Algérie a pris de la distance par rapport à lui et à l'Autorité palestinienne qu'il incarne en exprimant des réserves sur leurs initiatives concernant le dialogue avec Israël, au principe qu'en ne faisant pas l'unanimité au sein du mouvement national palestinien, elles sont source d'affaiblissement de la position palestinienne par rapport à l'ennemi israélien.

 Des réserves qui font que l'Algérie, sans soutenir le Hamas qui dispute à l'Autorité palestinienne le pouvoir et la légitimité de parler au nom du peuple palestinien, développe des points de vue et affirme des positions sur le conflit palestino-israélien qui sont plus proches de ceux du camp des adversaires de Mahmoud Abbas et de l'Autorité qu'il préside.

 C'est ainsi que comme la Syrie, le Liban et le Qatar, l'Algérie subordonne un accord de paix avec Israël auquel les Palestiniens pourront aller, à celui global à réaliser entre l'Etat hébreu et tout le monde arabe sur la base des conditions posées par le plan Abdallah et entérinées par tous les Etats arabes. Par leurs pressions, les Etats-Unis et le Quartette pour le Proche-Orient ont obtenu de Mahmoud Abbas, encouragé par l'Egypte et la Jordanie, qu'il joue la carte palestinienne en dehors de la démarche collective arabe. Se refusant, au nom du principe qu'elle est avec «la Palestine agressée ou agresseur», de se démarquer de l'Autorité officielle palestinienne, l'Algérie n'a pas manifesté de désapprobations ouvertes à l'égard de celle-ci, mais il est clair qu'elle n'en soutient pas clairement les initiatives. D'où l'ambiguïté des rapports entre Bouteflika et le président palestinien Mahmoud Abbas. Et par conséquent, le peu d'empressement de celui-ci à solliciter le point de vue du président algérien.