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«Lahla izid ktar»: Un monologue triste et hilarant

par El Kébir A.

Les activités du TRO se poursuivent au rythme des nuits ramadanesques. Lundi dernier, un monologue, signé Bouziane Benachour, a été donné sur les planches du théâtre régional Abdelkader Alloula. Mis en scène par Azzedine Abare, «Lahla izid ktar», tel est le titre du monologue, fait parler, pendant plus d'une heure, un jeune arriviste nommé Kada Boujlal, dont le souhait le plus cher est de devenir un jour «une vraie personnalité», respectée de tous, et cela à n'importe quel prix ! Ce personnage ubuesque fera rire aux larmes les spectateurs, pour les faire ensuite pleurer. A la fois drôle et triste, voilà comment on peut qualifier l'histoire de Kada. Ceci dit, même dans les passages emplis de tristesse, on peut tout de même déceler de l'ironie, mais d'un humour féroce, de l'humour noir. Le narrateur excelle dans son rôle de tourmenté, dont les ambitions débutent à partir du militantisme estudiantin, pour finalement échouer dans les «feuilles de choux». Mais là où réside son véritable problème, c'est bien sûr le fait que, malgré tous ses efforts, et sa bonne volonté, jamais il n'a réussi à avoir affaire aux autorités. Là est son talon d'Achille. Scène mémorable à noter: celle où, alors devenu journaliste, le voilà devant le tribunal pour ses écrits, «suppliant» presque le juge? de le mettre en prison, histoire de s'imprégner un peu plus du rôle de martyre. Hélas pour lui, il «écopera» d'une relaxe, ce qui lui donnera aussitôt une gueule d'enterrement !

 Ce monologue, regorgeant d'humour et de bons mots, a la particularité d'être typiquement algérien. Il tourne en dérision nos us et coutumes, mais avec beaucoup de subtilité. Il va même jusqu'à rendre hilarante une scène pourtant ne se prêtant pas à l'humour, celle de la mort du père de Kada Boujlal. Ou encore, un peu plus loin, quand ce dernier fait le tout pour le tout pour marier sa sœur, la poussant à se décarcasser en sortant un peu plus souvent dehors, histoire de voir le monde.