A trois jours de la fin du Ramadhan, la flambée des prix, qui a suscité
la consternation de la ménagère, s'estompe peu à peu. «C'était prévisible,
comme à la même période de l'année. Le contraire aurait étonné», a ironisé une
vieille ménagère. En effet, la mercuriale dans les marchés connaît une baisse
sensible à l'approche de l'Aïd, probablement parce que la demande a baissé et
que les ménages sont «branchés» ailleurs. Le prix de la volaille, qui avait
subitement pris son envol à la veille du mois sacré, en flirtant avec les 400
dinars le kg, entame sa chute aussi brusquement qu'était annoncée sa hausse en
se proposant à 320 dinars le kg. Pour les légumes, d'une manière générale, ils
ont connu, en moyenne, une baisse de 20 à 30 dinars. Ainsi, les carottes, qui
avaient atteint les 45 dinars le kg, sont actuellement à 20 DA. Même chose pour
la tomate qui de 70 DA redescend à 40 DA, ainsi que les pommes de terre qui
sont actuellement à 35 dinars, excepté pour la laitue qui est toujours dans les
cimes. Cette situation, qui donne le vertige aux petites bourses, illustre
parfaitement l'insuffisance en matière de suivi et de régulation, notamment
dans les marchés de la ville. «Nous sommes livrés en pâture au diktat des
spéculateurs sans vergogne, qui s'escriment, comme bon leur semble, avec les
prix. Au fil du temps, le consommateur s'est habitué à ces hauts et ces bas,
qui alimentent les discussions sur la place d'Oran, essentiellement durant le
carême», fait remarquer avec une pointe de dépit un père de famille. Les
commerçants, quant à eux, pointent le doigt en direction de leurs fournisseurs,
en invoquant la subite augmentation des prix, qui leur est imposée du jour au
lendemain. Pour cette raison, un établissement de commerce, sis dans le marché
d'Eckmühl, versé dans la vente du surgelé, a fait dans l'inédit. Son gérant n'a
pas trouvé mieux que d'afficher une note d'excuses à ses clients en signalant
«que la hausse des prix de ses produits était indépendante de sa bonne
volonté». Un malheureux état de fait, qui a été longuement épilogué par les
ménagères habituées à effectuer leurs achats dans la boucherie en question. Ce
cas n'est pas isolé à Oran, car un grand nombre de commerçants, établis dans
différents endroits de la ville, déplorent, avec pertinence, la spéculation
prévalant dans ce secteur sensible. «Il faut bien que je tire une ristourne de
mon activité, sinon je mets la clé sous le paillasson. Le prix d'achat chez le
grossiste et chez le détaillant ne peut être le même. Je fixe mon prix en
fonction de celui de mon fournisseur. S'il l'augmente, je serai obligé de faire
de même. Toute ma comptabilité est basée sur cette différence», a expliqué le
propriétaire d'un commerce spécialisé dans l'alimentation générale installé
dans le quartier Derb. Le même son de cloche se fait entendre chez de nombreux
autres commerçants de la ville. «C'est un secret de Polichinelle, il ne faut
pas être un professionnel du commerce pour deviner que le mal est ailleurs», a
affirmé l'un d'eux. Quelle que soit l'explication à cette équation, compliquée
du reste, la ménagère ne semble pas encore près d'échapper à la spéculation
imposée dans le secteur du commerce.