|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Lucide,
Hanane Achraoui, membre du CE/OLP, voit une «derrière chance» dans les
négociations de paix engagées à Washington. Elle a averti qu'il n'y aura pas de
direction palestinienne aussi «souple» que celle ayant accepté de s'asseoir à
la table des négociations.
Mais est-ce «une chance», fût-elle la dernière, que cette reprise des pourparlers directs ? Elle est en tout cas hypothéquée d'entrée par la menace de la mise fin, le 26 septembre, au gel des colonisations, ainsi qu'en ont décidé les autorités israéliennes. Pour aussi conciliant qu'on puisse le juger, Mahmoud Abas a solennellement prévenu qu'il se retirerait des négociations si elles s'en tiennent à cette décision. Continuer à négocier dans ces conditions reviendrait en effet pour les Palestiniens à accepter qu'Israël s'arroge le droit de délimiter à sa convenance les frontières de leur futur Etat national. Si tant est que les dirigeants de l'entité sioniste soient pour la création de cet Etat. Tout dans leurs actes va au contraire dans le sens de rendre impossible cette perspective. Netanyahu pourrait bien annoncer avant le 26 septembre la prolongation du gel de la colonisation. Ce qui ne sera qu'un simple effet d'annonce, du moment que sur le terrain il y aura continuation de ces colonisations que les autorités israéliennes justifient du concept de la «nécessité imposée par la croissance naturelle». Concept par lequel donc ces autorités s'arrogent le droit de faire face à cette «croissance naturelle» en permettant à leurs citoyens de s'installer en territoires palestiniens et de créer ainsi le fait accompli du rattachement à Israël des sites ainsi occupés. Avec leur concept de colonisation par nécessité de «croissance naturelle», les dirigeants sionistes qui gouvernent en Israël sont dans la logique de «l'espace vital» que les nazis avaient théorisé et mis en œuvre en Europe de l'Est. Animés par cette vision, ils ne sont pas en esprit de mettre fin à l'occupation des territoires palestiniens et moins encore de reconnaître l'existence d'un Etat palestinien doté de frontières garanties qui empêcheraient l'expansion de la colonisation juive. Benyamin Netanyahu est un adepte convaincu de cette vision. C'est pourquoi il ne fera pas le geste que Mahmoud Abbas réclame et c'est ce qui explique q'il n'a pas réagi à sa mise en garde. A la sortie du président palestinien, il s'est au contraire empressé de rassurer son parti, le Likoud, et les organisations de colons qui poussent à mettre fin au gel provisoire des colonisations en leur faisant valoir qu'ils n'ont pas à être «inquiets sur ses intentions», car «personne ne m'apprendra ce qu'est l'amour d'Eretz Israël» (la terre d'Israël). Quand on sait quel contour territorial a cette notion d'Eretz Israël chez les militants sionistes du calibre de Benyamin Netanyahu, il est clair que pour eux et pour lui, la Cisjordanie ou tout autre territoire palestinien n'ont pas vocation à constituer un Etat séparé et indépendant de l'Etat juif, dont la configuration les recouvre historiquement à leurs yeux. Alors, la question est de savoir si Mahmoud Abbas, qui menace de se retirer des négociations, le fera effectivement au cas où, par effet d'annonce, Israël prolongera le gel des colonisations au-delà du 26 septembre, mais les poursuivra sur le terrain en invoquant le concept de «croissance naturelle». |
|