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Le ministre de l'Education nationale souhaite mettre
en place un système de contrats de performance avec les directions de
l'éducation afin d'évaluer tous les établissements scolaires du pays. On ne
connaît pas encore les modalités précises d'élaboration de ces contrats, mais,
d'emblée, l'idée a quelque chose d'original et de très intéressant.
Le pays, qui a connu bien des formes de contrat - les anciens se souviennent avec une nostalgie relative des contrats «clés en main» et «produit en main» - , a plus rarement goûté à la performance, quelle qu'en soit la nature. Bien sûr, nul n'a oublié les ASP, associations sportives de performance de la haute époque «socialiste». Un ministre avait décidé que les équipes de football devaient se plier à des règles de fonctionnement supposées les emmener au firmament des exploits sportifs. Pourquoi mettre seulement nos écoles à l'heure de la modernité en les soumettant elles aussi à des obligations de résultat ? Le modèle pourrait être généralisé à tous les secteurs d'activité et concerner l'administration tout entière. Bien entendu, les critères devraient être précisés et définis en fonction des spécificités de chaque corps concerné. Les moyens mis en oeuvre soigneusement recensés, on devrait pouvoir fixer des objectifs clairs à atteindre dans des délais raisonnables. Avec à la clé des récompenses pour les plus performants et des sanctions pour les traînards. La perspective devrait faire frémir certains qui, tapis dans la routine bureaucratique, ont oublié depuis fort longtemps qu'ils étaient au service d'une société à laquelle ils doivent des comptes. Les performances publiquement affichées videraient bien de confortables sinécures où se prélassent des fonctionnaires qui ont parfois irrémédiablement perdu la mémoire de leur raison d'être. Les éducateurs n'auraient pas ainsi l'impression d'être les seuls à «bénéficier» d'une innovation contractuelle aux aspects vraiment intéressants. L'élément central d'un dispositif de ce genre est, bien sûr, la publicité des résultats. Les performances des uns et des autres - à l'exception évidemment des secteurs sensibles relevant de la sécurité nationale - seraient publiques et consultables par le citoyen avide de mesurer l'efficacité du service public. Les juristes devraient réfléchir d'ores et déjà à la formulation et aux clauses du contrat de performance, de la hiérarchie des responsabilités, de l'échelle des sanctions -positives ou négatives - et des diverses déclinaisons d'un tel contrat. Tous ceux qui ont affaire à l'administration devraient également être en mesure de faire parvenir leur opinion, en notant, par exemple, les prestations de tel ou tel service communal, de wilaya ou de l'administration centrale. Ces notations entreraient en compte pour l'évaluation globale de la structure concernée. Il y a fort à parier que si cette hypothèse était retenue, la qualité de l'accueil dans certains bureaux serait probablement améliorée. Pour que le système soit cohérent, il faudrait bien entendu que les structures chargées de l'évaluation des contrats de performance souscrivent elles aussi à un contrat de cette nature. Ainsi personne, quelle que soit sa position ou son ancienneté, ne serait exempt d'une salutaire évaluation. Les membres de l'Exécutif ne devraient pas échapper à l'obligation contractuelle. Exemple oblige, le premier à mettre son paraphe au bas d'un tel document devrait être le ministre de l'Education. |
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