Un groupe d'amateurs d'astronomie se sont donné rendez-vous dans la soirée du vendredi dernier (à minuit) sur la plateforme du poste de vigie de la maison du parc de Lalla Setti. La terrasse fera office pour la circonstance d'observatoire de fortune. Une rencontre organisée à la faveur d'un message virtuel (via Internet) annonçant l'apparition d'une double lune. Teneur du courrier électronique: «Date à retenir: 27 août 2010. Deux lunes dans le ciel le 27 août prochain, à minuit 30 minutes, regardez dans le ciel. La planète Mars sera la plus brillante dans le ciel étoilé. Elle sera aussi grosse que la pleine lune. Bien que Mars soit à 34,65 millions de Miles de la Terre. Soyez donc certains de ne pas manquer cet événement ... Cela nous apparaîtra, à l'œil nu, comme si la Terre possédait 2 Lunes !!!... La prochaine fois que cet événement se reproduira sera en l'année 2287 ! Partagez cette information avec tous vos amis car personne en vie aujourd'hui ne pourra?». Fin du message insolite.

L'information s'est avérée être un bobard puisque aucun phénomène de ce genre ne sera observé à cette occasion. Aussi, les hôtes du PNT ont mis à profit leur rencontre pour organiser une table ronde scientifique sous la voûte céleste. M. Abdellah Ghalem, ancien cadre de l'éducation, se chargera du télescope mis à la disposition du groupe par l'établissement forestier en donnant des explications fort instructives sur les étoiles (forme, position, appellation). Les présents observeront tour à tour la lune et chacun exprimait sa propre sensation ou émettait un commentaire. Signalons au passage que ce genre d'instrument optique est vendu par un importateur de matériel scientifique (Kazi) domicilié au Bd des 24 mètres. Quant au professeur Mohamed Baghli, ingénieur consultant, il animera un cours d'astronomie, un domaine qui fait partie de la culture populaire islamique, selon lui.      «Nos grands-parents, soi-disant analphabètes, savaient lire dans le ciel», a-t-il tenu à souligner. Et d'illustrer gestuellement son propos par le mode opératoire traditionnel du muezzin qui se basait sur les étoiles. Aujourd'hui, et avec la technologie (horloge et amplificateur), l'appel à la prière est pratiqué «terre à terre». Le chercheur ne ratera pas cette occasion pour évoquer deux noms d'illustres savants en la matière de Tlemcen: l'astrolabiste El Habbak et Cheïkh Senouci. Il convient de noter qu'il n'existe pas de club d'astronomie à Tlemcen, laquelle se prépare à abriter l'événement de 2011.

Dans la foulée de l'exposé pratique, l'assistance fera un voyage à travers le cosmos en s'imprégnant d'un champ sémantique fantastique: étoile polaire, grande ours, petite ours, constellations, mansions lunaires?Un satellite artificiel a été distingué dans le ciel, vu sa luminosité particulière. Avec un calendrier à la main (almanach), l'orateur indiquera pour les horaires de lever du soleil (6:34), de son coucher (19:39), du lever de la lune (20:42) et de son coucher (9:00), valables pour la journée de vendredi (27 août 2010) à Tlemcen. Il ajoutera dans ce sillage des données géographiques, à savoir la latitude (34° 54'00» N) par rapport à l'équateur, la longitude (1 ° 18' 00» O) par rapport au méridien de Greenwich et l'altitude (843 m) par rapport au niveau de la mer. L'ingénieur notera que la débauche de lumière (densité de l'éclairage public) qui baigne dans le secteur entravait quelque peu la qualité de l'observation. En effet, la voûte céleste était «masquée». Pendant que se tenait cette séance «céleste» traduite par un cours d'initiation à l'astronomie sur le poste de vigie, se déroulait en face sur la tour «jumelle» (mirador) un spectacle terrestre: avec une pièce de 50 DA, on avait droit à une observation panoramique by night de la perle du Maghreb vautrée dans un écrin de scintillements de lumière. Il faut rappeler dans ce contexte que la tour du PNT avait abrité la veille du Ramadhan une séance informelle d'observation du croissant lunaire initiée par M. Mohamed Baghli. A ce propos, ce dernier, fort des données scientifiques en sa possession, nous confiera que la date de l'Aïd el Fitr coïncidera avec le 10 septembre (un vendredi), une date qui «rassure», eu égard au «spectre» du 11 septembre qui planerait sur les Etats-Unis, notamment la ville de New York agitée par un climat d'islamophobie fasciste.