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En attendant le nouveau barème: Des retraités non concernés par les revalorisations

par A. Mallem

Comme chaque mois, tout de suite après avoir touché leur pension le 24 de ce mois, de nombreux retraités se regroupent au niveau du bureau du secrétaire fédéral (démissionnaire) dans la maison du syndicat Abdelhak Benhamouda de Constantine. Jeudi 26 août, c'est un groupe de retraités qui n'ont pas été touchés par les revalorisations des pensions des années 1999 et 2010 qui venaient de toucher leurs pensions au bureau de poste situé juste en face, qui ont été rencontrés.

Certains, brandissant des titres de la presse nationale qui ont publié la décision, prise au dernier Conseil des ministres de dispenser de l'impôt sur le revenu global les pensions atteignant plus de 20.000 dinars, étaient venus demander de plus amples explications au responsable concerné. Malheureusement, celui-ci démissionnaire était absent. Quelques-uns ont affirmé s'être rendus le matin même à la direction de la CNR, au quartier de Bellevue, mais qu'ils ne furent pas pour autant éclairés par les explications qui leur ont été données. «Ils nous ont simplement rassuré que notre situation sera réglée au mois de septembre prochain», dira un retraité qui se trouve dans ce cas. «C'est à cause justement de ce problème de l'IRG que la CNR a bloqué les revalorisations, nous ont-ils dit, et qu'ils attendent donc le nouveau barème pour nous régulariser».

A défaut, ils se sont adressés au bureau voisin de M. Araba Abdelouahab, membre du conseil d'administration de la CNR, où ils ont trouvé devant eux un autre groupe de plaignants, constitué celui-là de retraités plus anciens, ceux sortis antérieurement à 1995, et qui se trouvent dans une situation plus critique encore, car ils n'ont jamais bénéficié de l'alignement de leurs pensions à l'indice des salaires, comme le stipule la loi.

Ne sachant à qui s'adresser pour faire parvenir leur appel de détresse aux pouvoirs publics, cette catégorie de retraités a déversé sa colère dans le bureau du responsable du syndicat UGTA en décrivant, avec maints détails, la peine qu'ils endurent pour survivre dans une situation économique de plus en plus difficile pour eux.

Aussi, quelques révélations faites par certains d'entre eux n'ont pas manqué de provoquer de la stupeur. Un ancien cadre du secteur public, sorti en retraite en 1990 et dont la pension mensuelle n'atteint pas aujourd'hui 20.000 dinars, raconte : «Nous subissons plus que les autres citoyens les effets de l'inflation et de l'érosion constante du pouvoir d'achat. Les différentes dévaluations du dinar ont réduit à néant nos maigres pensions».

Un de ses camarades le coupe brusquement en lui reprochant de rabâcher une situation que nul n'ignore et demande qu'on parle plutôt des choses graves, de ces retraités qui meurent à cause de leur situation misérable.

«Sachez que les retraités meurent littéralement parce qu'ils ont fini par être emportés par différentes maladies chroniques comme le diabète et l'ulcère, occasionnées par leur misérable situation. Ils disparaissent dans le silence et ils sont très nombreux. Dernièrement, nous nous sommes rencontrés et nous avons tenté de faire un petit bilan de nos camarades disparus. Nous en avons compté quelque 120, morts pour la plupart dans la misère !».

Interpellé de front, embarrassé, le membre du conseil d'administration de la CNR n'a pas trouvé quoi répondre que d'énumérer les différentes décisions prises par cet organisme en faveur des retraités, dont les toutes dernières décisions des pouvoirs publics qui ont retenu le taux unique de 7% pour la revalorisation des pensions, toutes catégories confondues.

Ces explications n'ont pas satisfait les intéressés qui ont critiqué le système de retraite dans son ensemble, notamment l'IRG qui, selon eux, n'a aucune raison d'être pour leurs cas, puisqu'il s'agit de pension et non pas de salaires. Le débat a duré un bon moment, avant que les retraités se dispersent en cette journée du ramadan, où les attendent les dépenses de l'aïd et de la rentrée scolaire pour ceux qui ont encore des enfants scolarisés.