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Les bonnes intentions ne suffisent pas

par Oualid Ammar

Il se dégage du train de dispositions de la loi de finances complémentaire 2010, qui coïncide avec le lancement du nouveau programme quinquennal doté de près de 300 milliards de dollars, une volonté de gestion rigoureuse des finances publiques. L'argent public doit être bien dépensé, ne doit pas être gaspillé et encore moins détourné par un quelconque procédé frauduleux.

 On y a songé en prévoyant la création d'un organisme central de lutte contre la corruption, dans le cadre de l'ordonnance de février 2006 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption. Excellente intention.

 Même si cela peut déplaire, un petit coup de rétroviseur permet de voir qu'il exista, dix ans avant, en 1996, un Observatoire national de surveillance et de prévention de la corruption (ONSPC). Plus personne ne s'en souvient pour la simple et bonne raison qu'on ne trouve même pas trace d'un rapport annuel d'activité libellé ONSPC.

 Cette séquence de la vie publique soulève au moins une question : où est la continuité de l'Etat dans la lutte contre la corruption ?

La même question est reconduite aujourd'hui.

 Quatre ans après sa promulgation, l'ordonnance relative à la prévention et à la lutte contre la corruption, signée par un autre président de la République, n'a pas vraiment dépassé le stade des bonnes intentions. Prévu par ce texte législatif, l'organe national de prévention et de lutte contre la corruption n'est pas encore constitué. A-t-on des difficultés à trouver des Messieurs Mains Propres ?

 En quatre ans de vide, un bon nombre de gredins en col blanc ont eu le temps de proliférer et de sévir. N'a-t-on pas eu durant ces quatre dernières années des charrettes de dossiers de corruption liés directement ou indirectement aux deniers publics ?

 Dans ce pays, il y a comme une force de l'inertie qui se déclenche dès que l'on parle de lutte contre la corruption, en amont ou en aval. Ainsi, aucun homme politique - aucun ? n'a pris à bras le corps le dossier de la déclaration de patrimoine. Un homme politique qui se respecte n'a-t-il pas intérêt à mettre en avant la transparence de ses ressources pour crédibiliser son action au service de l'intérêt général ?

 Il est vrai que le passif est lourd. Si lourd qu'il semble justifier l'inertie. Si lourd que les corrompus et les corrupteurs n'ont plus honte de rien, qu'ils ont pignon sur rue et qu'il arrive même de les retrouver « réinsérés » dans des rouages de l'Etat. Cette espèce de gredins tend à s'ériger en modèle. Hé oui ! Ces nouveaux « self made man » qui prêchent que « tout est permis sauf de se faire attraper », font un pied de nez à la majorité des Algériens, à commencer par ceux qui se contentent de bonnes intentions pour les combattre.