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C'est sous une chaleur caniculaire
suffocante (40°) en ce mois de Ramadhan que le ministre des Affaires
religieuses et des Habous M. Bouabdellah Ghoulamallah a effectué jeudi dernier
une visite de travail et d'inspection à Tlemcen (qui a coïncidé avec la fête
traditionnelle dite nafqat ennass).
Accompagné du wali M. Abdelouahab Nouri (en tenue estivale), le représentant du gouvernement, vêtu d'une djellaba blanc cassé et coiffé d'un turban assorti, a entamé sa tournée par le complexe culturel islamique de Mansourah. Un complexe au style arabo-mauresque qui s'articules autour de trois volets : pratique (ateliers d'arts islamiques, calligraphie, mosaïque, sculpture sur bois), théorique (sciences islamiques, cours d'alphabétisation?) et physique (activité sportive restreinte). «La salle polyvalente est comme un corps étranger par rapport à l'édifice, elle apparaît comme un hangar, un poulailler?», lancera le wali à la face de l'architecte (bureau d'étude Fardeheb) avant de l'inviter à revoir sa copie en y apposant son empreinte (allusion enjouée au nom de l'intéressé). Doté d'une AP de 27 milliards (une rallonge de crédit de 5 milliards sera sollicitée pour les besoins de l'esthétique), ledit complexe qui s'étend sur une surface utile de 4000 m² (2 étages) accuse un taux d'avancement des travaux de 30%. Bouabdellah Ghoulamallah fera remarquer que celui de Sétif dont la première pierre fut posée alors par le wali de Tlemcen et dont la réception est prévue à la fin de l'année n'aura coûté que 25 milliards. Toujours dans le même secteur (Imama), le ministre s'est enquis de l'avancement des travaux de réalisation d'une école coranique dont le taux d'avancement est estimé à 40% (le chantier fut lancé début avril 2010 avec un délai de 9 mois). Conçu par le bureau d'étude Bendi, le projet est doté d'une AP de 20 milliards. L'édifice d'une superficie de 5030 m² (2 niveaux) comporte quatre blocs : administration, pédagogie, hébergement et logements. Signalons au passage que dans ce périmètre sera érigé le nouveau siège (en chantier) de la direction des affaires religieuses. De Mansourah, la délégation ministérielle s'est dirigée vers El Eubbad (complexe historique de Sidi Boumédiène). Longue halte à la medersa el khaldounia où des travaux de réhabilitation sont en cours sous la conduite du bureau d'étude Aït Ouhamou (crépissage à la chaux « importée » de Berriane, revêtement du sol, interventions sur les infiltrations périphériques). L'enveloppe consacrée à cette opération s'élève à 7,2 milliards. A noter que cet établissement dont l'enceinte fut l'objet d'actes de vandalisme (incendie) pendant la décennie noire sera cédé au secteur de la culture pour abriter un musée. Le ministre s'est recueilli ensuite sur la sainte tombe de Sidi Boumédiène. Dans le patio du mausolée, un fût (en plastique) rempli d'eau côtoyait timidement le pittoresque puits à margelle «désaffecté». Un piètre succédané pour cause de cross connexion. Prière (surérogatoire) dans la mosquée éponyme. Un agent bénévole profitera de l'occasion pour formuler des doléances professionnelles au ministre mais celui-ci le renvoya illico presto vers l'APC. L'imam Bendahmane reprochera au wali sa longue absence de la mosquée qu'il fréquentait assidûment les vendredis. «Monsieur le wali a, lui, Lalla Setti?», lui rétorquera sur un ton familier Ghoulamallah. Station sur le promontoire de Dar Soltane. Là, le wali invita le restaurateur à différer toute intervention et axer ses efforts sur la medersa. Quant au ministre, il se demanda comment «on pourra récupérer l'argent investi dans ces opérations de restauration». Les représentants de la culture et du tourisme n'étaient pas là pour lui donner la réponse. Direction villa Me Boukli. Un bien habous situé en contrebas du complexe historique d'El Eubbad au lieu-dit Sidi Boushaq dans un cadre champêtre. Deux projets s'y affichent sur les lieux : la réhabilitation de ladite bâtisse (2,5 milliards/4 mois) et la réalisation d'un centre de recherche et d'études islamiques (14 milliards/7 mois).C'est le bureau d'étude Amadeus (celui même qui a signé le parc d'attractions de Lalla Setti et conçu la future résidence présidentielle de Birouana, ex-villa Rivaud). Son responsable M. Mohsen Abbas (d'origine égyptienne) ne manquera de renchérir dans sa présentation en faisant valoir son sens de l'écologie: «Mon projet épouse même les contours de la nature» (allusion à la préservation du patrimoine arboricole de cette propriété «privée»). Attitude qui fera réagir le ministre des Affaires religieuses qui soulignera spirituellement en faisant une paraphrase d'un verset «vital»: «Celui qui arrachera indûment un arbre, c'est comme si il a arraché une forêt tout entière». Virée à Lalla Setti. Le cortège fera le tour du parc d'attractions. Passage l'hôtel haut standing Marriott (taux d'avancement des travaux de 78%). Un groupe d'ouvriers chinois, visiblement indifférents à la chose officielle, sortaient du chantier. Peut-être que c'était l'heure du déjeuner. Il était midi. Retour à la ville et plus exactement à la mosquée Sidi Sidi Bellahcène (ex-musée de la ville de Tlemcen). Un lieu de culte (désaffecté) qui servait de dépôt de fourrage pour l'armée coloniale avant qu'un incendie ne détruise sa structure. La réhabilitation est assurée par le bureau d'étude ACOGER laquelle affronte dans ce cadre des désordres physiques (infiltrations, remontées des eaux?). Un puits et une fontaine ont été mis au jour dans l'enceinte de l'antique mosquée. Renvoi de l'ascenseur par la culture : l'OGBC a rendu la politesse aux habous (la medersa d'El Eubbad devait abriter Dar El Imam) en «rétrocédant» le musée qui recouvrera désormais sa vocation originelle, à savoir un lieu de culte : Djamaâ Sidi Bellahcène d'antan. La délégation s'est rendue ensuite à Dar El Hadith à Tafrata qui a bénéficié d'un projet de réhabilitation et d'équipement pris en charge par le bureau d'étude Bentchouk (3 milliards). Le wali préviendra contre toute précipitation dans les travaux. Et pour cause. «On n'a qu'une seule Dar El Hadith», dira-t-il à l'adresse de l'architecte. Puis à quelques encablures à la mosquée Sidi El Yeddoun au niveau d'El Medress dans la vieille médina. On s'arrêta sur l'appellation qui serait une déformation du patronyme Sidi El Aïdoun. Une opération de réhabilitation y est en voie d'achèvement (80%). Le wali ne manquera pas d'exprimer son écœurement devant l'enrobage «fade» (sic) du minaret. Une regrettable réédition du teint albinos inesthétique de la grande mosquée qui aura perdu sa couleur ocre originelle, commise toujours par le même architecte Tchiali (du bureau Arcad présent par ailleurs au Mechouar). Ce dernier tentera en vain d'expliquer que cela est dû à la nature de la matière utilisée (terre pétrie et non cuite). A noter que la séance de présentation technique était parasitée par les cris d'une femme «sinistrée» du quartier (indu occupante) qui voulait interpeller les autorités pour son relogement. Imperturbable, le P/APC M. Abdennebi Brixi prendra la tangente en lançant : «Il n'est pas question que je reloge cette femme, sinon je risquerai d'ameuter une centaine dans son cas». La délégation savait-elle qu'à deux pas de la mosquée Sidi El Yeddoun se trouve l'illustre khalwa de Cheikh Senouci (derb El Moqbi) voisine de la maison de Cheikh Sid Ahmed Tidjani ? Des travaux de réhabilitation, initiés par des mécènes, y ont été lancés depuis le début du Ramadhan. La visite s'est achevée au cabinet flambant neuf du wali (non encore inauguré). Un joyau architectural digne du palais de l'Alhambra. Une agréable fraîcheur, version air conditionné, vous happe à l'entrée. On échappe ainsi à la canicule qui sévit à l'extérieur. Le clapotis mélodieux des jets d'eau lumineux et le faste mauresque ajoutent une note de sérénité et une dose de confort aux lieux. Dans cette ambiance feutrée et parmi cette féerie architecturale, le wali lancera à la cantonade, au milieu des correspondants locaux : «Et on ose dire que j'ai défiguré la ville?». Bouabdellah Ghoulamallah profitera de ce décor féerique pour improviser un point de presse dans lequel il indiquera que sa visite s'inscrit dans le cadre des préparatifs de la manifestation de 2011 «Tlemcen, capitale culturelle du monde islamique» en se disant satisfait de l'avancement des travaux liés aux projets relevant de son secteur qui sera, a-t-il souligné, au rendez-vous. Le ministre devait accomplir la prière du dohr à Djamaâ El Kebir en compagnie des autorités locales avant de s'envoler l'après-midi pour Alger par l'aéroport Messali Hadj de Zenata. A titre de rappel, la dernière visite de travail et d'inspection du ministre des Affaires religieuses et des Habous dans la wilaya de Tlemcen remonte au mois de janvier dernier. |
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