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Prêt sur gage Du mont-de-piété au mont des affaires

par A. El Abci

Le prêt sur gage a le vent en poupe ces derniers temps. En effet, la période du mois de Ramadhan aidant et les nouvelles dispositions prises par l'agence de la Banque locale de développement (BDL) de la rue Tatache, de relever le prix du gramme d'or de 500 à 1.000 DA, jusqu'à concurrence de 25.000 DA, ont pratiquement boosté le marché. A telle enseigne que selon le directeur de cette agence, « notre établissement est littéralement assailli par des demandeurs de crédits. Cela est particulièrement vrai durant certaines périodes comme le jeûne ainsi que pendant les périodes précédant les fêtes où des chaînes de dizaines de personnes se forment devant l'agence, venues pour déposer leurs gages contre des crédits ». En tout cas, pendant les jours ouvrables et en temps normal, nous recevons une moyenne de 50 personnes par jour, voire plus. Mais ce nombre grimpe facilement à plus d'une centaine, un ou deux mois avant les fêtes. Toujours selon le premier responsable de l'agence BDL, «nous sommes le seul établissement bancaire à avancer des prêts sur gage sur la place et le doublement du prix du gramme d'or a été véritablement un coup de fouet à nos affaires. Si bien que, souligne-t-il, notre clientèle est de plus en plus en train de sortir de sa définition classique de gens, qui sans être démunis, ont tout de même besoin de mettre en gage leurs bas de laine pour s'assurer un standing de vie. Ainsi avec l'augmentation du prix de l'or, beaucoup sont intéressés par notre offre, de mettre à leur disposition jusqu'à 25.000 DA, très rapidement et sans paperasse administrative ». Et d'expliquer que pour bénéficier d'un prêt, il suffit d'une photocopie de la carte nationale d'identité et bien sûr l'objet à mettre en gage. Notre interlocuteur ajoute que sa banque est le seul établissement sur la place à utiliser le liquide dans les transactions. Toutes ces raisons et d'autres, caractérisant la politique économique actuelle du pays, font que la clientèle évolue. Le directeur de l'agence de la BDL ajoute qu'à cause de l'annulation du crédit à la consommation, beaucoup de gens se tournent vers son institution pour les remboursements de certains des crédits contractés. Le même cas se pose pour les personnes qui ont fait l'achat d'un logement et qui doivent procéder à des avances à terme échu. Parmi les clients de l'agence, est-il encore souligné, figurent aussi des jeunes des dispositifs d'aide à la création de micro-entreprises dont les parents viennent gager leurs or et autres bijoux pour les aider à apporter leur part de financement au projet, etc.

Selon notre interlocuteur, « les choses évoluent si vite que, dira-t-il, maintenant le caractère de mont-de-piété de notre établissement ne représente plus que 50 %, et l'autre moitié ce qu'on peut appeler les affaires». A noter enfin, que l'approche de la rentrée scolaire et l'Aïd El Fitr, attire également de nombreux citoyens rencontrés dans les locaux et qui déclarent «que c'est la seule solution pour nous de faire face à ces nouvelles dépenses, car la première dizaine du mois de Ramadhan, nous a déjà saigné à blanc».