En ce mois de jeûne, en plein mois chaud
d'août, les nuits bel-abbésiennes sont d'abord caractérisées par le rituel des
prières des Tarawih, au sein des différentes mosquées de la ville et de la
région en général. C'est après 22 heures trente et plus que les artères
s'animent davantage, avec les effets de la chaleur que les moins de quarante
ans n'ont pas connu comme période de ramadhan. Même si leurs parents leur ont
parlé de ramadhan de 1979, 1980, 1981? il y a de cela trente années. Ce sont
les jeunes qui prennent d'assaut les cafés, crèmeries. Ce sont soit des
étudiants en vacances, ou autres chômeurs dormant longuement la journée. A Sidi
Djillali, quartier le plus peuplé officiellement de par l'extension fulgurante
de la ville vers le nord est, au sein des principales artères, de la Macta,
Soummam, Bremer, Aïssat Idir, et autres places publiques, ces nuées de jeunes
et autres adultes, moins nombreux, veillent jusqu'à une heure tardive autour
d'interminables parties de dominos et de cartes dégustant chamia et autres
confiseries, boissons gazeuses. Il n'y a pas que les jeunes et moins jeunes,
les familles bel-abbésiennes depuis la nuit des temps ont des traditions, il y
a celles qui sortent pour une promenade et celles qui généralement prolongent
leurs soirées par des visites mutuelles, dans les appartements et les haouchs
en pleine cour, cadre de ces rencontres conviviales entre voisins anciens,
collègues de travail et amis de longue date ou simplement hôtes de passage à
Sidi Bel-Abbès. Outre les grands boulevards centraux des quartiers et nouvelles
cités et lotissements, tel celui de Kheir Nebia du vieux Gambetta, de Haï Sakia
El Hamra, des axes des plus fréquentés, route d'Oran, Souk Ellil, route de
Telagh, révélateurs d'une forte animation de nuit, autour de petites tables placées
ici et là, proposant surtout de la chamia parfois de la zlabia. Cette activité
est encore omniprésente jusqu'à une heure avancée de la nuit, au niveau des
petites ruelles loin des trajets habituels à forte circulation automobile ou
piétonne, car à Sidi Bel-Abbès, la marche est de mise même si les bus, taxis et
autres «clandestins» fonctionnent dès la fin du ftour?
En
parallèle à l'effervescence nocturne qui n'est pas celle des années 1960 où
toute une ferveur particulière exista, les Bel-Abbésiens veillent aussi chez
eux? devant la télévision. La vie locale, l'actualité politique sont moins
suivies, alors que les débats sur les préceptes de l'islam parmi une bonne
partie de la jeunesse sont des sujets de prédilection. Quant à la flambée des
prix, l'hygiène autour des marchés de la ville, la défaillance décriée de
l'éclairage public et autres dysfonctionnements ne manquent pas d'être évoqués.