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Les exclus du relogement dont ont bénéficié les habitants de l'avenue de
Roumanie, au centre-ville de Constantine, n'ont pas l'intention de baisser les
bras. Ils continuent de frapper à toutes les portes pour faire valoir leurs
droits au relogement.
Leur histoire commence il y a plus de 4 mois, lorsque les habitants de ce vieux quartier de l'antique Cirta ont été délocalisés pour être relogés dans la nouvelle de ville de Ali Mendjeli. Le quartier devait lui être entièrement rasé. Selon des habitants qui n'ont pas été relogés, l'opération d'évacuation s'est déroulée très vite et en présence des forces de l'ordre. «Hâtive et sans une véritable préparation», clament des habitants du quartier. Selon ces derniers, sur 1400 familles concernées, seules 721 familles ont été relogées. Les familles qui restent «errent dans la nature», ont soutenu hier les représentants de ces familles activant au sein du Comité des sages de la rue de Roumanie (une association créée pour la circonstance). Il a été soutenu par les membres de ce comité, au cours d'une conférence de presse animée au siège du comité «SOS Expulsion» (affilié à la Ligue algérienne des droits de l'homme, LADDH), que 350 familles disposant de documents administratifs et d'actes justifiant l'occupation de leur maison depuis des décennies n'ont pas bénéficié de logements. Considérées comme «intrus» par les services de la wilaya, ces familles ne savent à qui se plaindre et exposer leur cas. 150 familles se sont déplacées à Alger il y a 15 jours pour protester et exposer leur cas devant la Présidence de la République. Au wali de Constantine, les concernés reprochent de n'avoir pas affiché la veille du relogement les noms des bénéficiaires et ceux des exclus ou intrus. Ils soutiennent même que «des logements ont été détournés au profit de cadres de l'administration». Selon les familles de l'avenue de Roumanie, le wali avait déclaré qu'il a réservé 1.050 logements pour ces familles ; or seuls 721 unités ont été distribuées. En guise d'explication, toujours selon les exclus du relogement de l'avenue de Roumanie, la wilaya a souligné «une longue préparation de 4 mois pour finaliser les listes des bénéficiaires» et «la commission chargée de cette opération a travaillé conformément à ce qu'exige ce genre de situation». «Enquête et inspections inopinées pour s'assurer de la véracité des déclarations des habitants, consultations de personnes probantes qui connaissent le quartier, etc.». Le wali de Constantine a indiqué pour sa part que «le dossier est clos», ajoutant «nous disons à l'opinion locale que l'administration est vigilante et ne laissera pas glisser des intrus qui profitent pour bénéficier indûment de logements en usant de subterfuges». Le comité de quartier de l'avenue de Roumanie veut porter l'affaire devant les tribunaux. Ses membres soutiennent que «non seulement ils n'ont pas eu droit à un logement, mais toutes les portes leur ont été fermées». Ils soutiennent également qu'ils sont dans leur bon droit de s'opposer à l'administration, car il s'agit d'une «expropriation pour cause d'utilité publique», une décision qui doit être rendue publique et notifiée au préalable. Maître Hocine Zahouane, président de la LADDH, présent à cette conférence, a rappelé que l'expropriation est une procédure consensuelle : si des gens sont touchés par ce genre de mesure, ils ont le droit de s'y opposer et ester l'administration en justice. |
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