Qui n'a pas, un jour, envoyé une lettre, des documents, un colis, voire
même de l'argent, à un membre de sa famille ou toute autre relation par?taxi?
Le procédé est bien simple : vous vous rendez à la station de taxis
inter-wilayas, par exemple Oran-Tlemcen ou Oran-Constantine, vous abordez le
premier chauffeur de taxi de la ligne et vous lui remettez votre lettre,
document, colis ou argent, contre rétribution et échange de numéros de téléphone.
Le procédé est efficace, très efficace même, plus efficace que la poste, voire
même le courrier express, car votre envoi est délivré en quelques heures
seulement, le temps du parcours, à la personne indiquée, qui attend déjà à
l'arrivée avec le signalement du taxi, son numéro de téléphone... Bien sûr, les
tarifs changent d'une destination à une autre et selon la nature du courrier;
volume, valeurs, poids, entre autres. Cette façon de favoriser la communication
de courrier par taxis inter-wilayas sans passer par la poste se fait presque
monnaie courante de nos jours. Il faut dire que par cette procédure, le
courrier a au moins le mérite d'arriver à destination en un rien de temps,
alors que par la voie postale, cela peut prendre plusieurs jours, surtout si le
courrier à envoyer est important et ne peut souffrir d'attendre plus que le
temps nécessaire de la liaison entre les deux villes. «On a au moins
l'assurance de voir notre courrier arriver le jour même et, par conséquent, le
taxi devient le moyen le plus sûr et le plus rapide. Par la poste, il se peut
que ça prenne un temps fou, et il se peut aussi, et là est la grande crainte?
qu'il se perde carrément en route!» nous confie un «usager» de ce genre de
courrier rencontré dans une station de taxis inter-wilayas.
Et bien entendu, le service n'est pas gratuit, ce n'est pas juste par
soucis de «rendre service» que les chauffeurs de taxis daignent inclure cette
livraison dans leur course journalière. Il faut rentabiliser au maximum la
liaison. Le taxi, donc, en plus d'assurer le transport des personnes, assure
celui du courrier, du courrier express même. Pour ce qui est des wilayas de
l'Ouest, les gens ne déboursent pas plus de deux cents dinars, voire les 400
dinars, cela dépend du courrier. En revanche, concernant les taxis assurant les
navettes entre Oran et les wilayas du Centre et de l'Est du pays, notamment
Alger où les chauffeurs encaissent six cents dinars pour prendre une enveloppe,
soit trois fois plus qu'un taxi qui va à Tlemcen ou à Relizane. Les taxis qui
desservent Constantine assurent, pour leur part, le service moyennant 800
dinars, voire 1.200 dinars dans certains cas, selon qu'il s'agit d'une simple
enveloppe, d'un chèque, ou même d'un colis. «C'est presque aussi cher, sinon
tout autant, que si on faisait parvenir notre courrier par DHL, mais il faut
reconnaître que c'est plus rapide, dans la plupart des cas», indique un autre
«usager» rencontré dans une autre station. Bien sûr, avant, bien avant, le
service était gratuit. Le taxi rendait à un voisin, un membre de la famille,
une connaissance? et transportait le courrier en question. Et avec leur
générosité coutumière, nos compatriotes offraient le «café» au taxi, quelques
pièces seulement. Puis le «café» est devenu «sandwich», puis «repas complet» et
le service devint payant et ainsi que les Algériens, par nécessité, ont inventé
leur?courrier express.