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Les ministres passent au tableau

par Kharroubi Habib



La situation dans le secteur des finances et du budget a été au menu de la première séance d'auditions par le chef de l'Etat des membres de l'exécutif gouvernemental. Pour Karim Djoudi, le ministre en charge du département, l'exercice n'a pas dû être pénible comme il le sera très certainement pour certains de ses collègues qui vont être bien embarrassés pour justifier certains des scabreux dysfonctionnements apparus dans le suivi par leurs administrations respectives de la mise en œuvre des programmes d'investissements qui leur sont alloués. D'autres de scandaleux retards que connaissent les projets dont ils ont la charge ainsi que des opérations ayant fait apparaître qu'elles ont été à l'origine d'opérations délictueuses.

 Si Bouteflika a inauguré le cycle des auditions ministérielles par celle de Karim Djoudi c'est assurément pour que le grand argentier du pays lui brosse l'exacte situation en termes financiers des moyens mis à disposition des départements ministériels, qu'il lui exprime son avis sur l'utilisation qui en est faite secteur par secteur et en quoi celle-ci pose problème dans certains d'entre eux.

 L'annonce chiffrée du plan de développement 2010-2015 a permis de constater que sur les 386 milliards de dollars qui lui sont consacrés plus de 180 milliards de dollars sont destinés aux restes à réaliser des précédents plans. Somme énorme révélatrice de ce que les retards dans les réalisations coûtent au pays. Retards dont le «rattrapage» implique des réévaluations qui n'auraient pas eu de raison d'être si l'exécutif gouvernemental s'était montré à cheval et très strict en termes de suivi sur des opérations liées aux plans d'investissements initiés par l'Etat.

 Dans le dernier remaniement gouvernemental opéré par le chef de l'Etat, les ministères concernés par des défaillances flagrantes et cumulées, ayant entraîné d'inconsidérés retards dans la réalisation de leurs projets sectoriels, ont eu leurs titulaires à qui il a été soit retiré purement et simplement leur portefeuille soit ont fait l'objet d'une affectation à un autre département.

 Ce qui fait qu'il nous semble que les auditions qui seront consacrées ce mois de ramadan à ces secteurs ministériels défaillants seront forcément biaisées, dans la mesure où le ministre qui en fera l'objet n'est pas celui dont la responsabilité est en cause dans les dossiers à problème qu'il vient d'hériter. N'ayant donc pas de compte à rendre sur la gestion de leur précédent département, la conduite à laquelle ils se limiteront au cours de leur audition est celle de «s'engager» à réparer les dégâts commis par leurs prédécesseurs au nouveau poste» en traduisant dans les faits les orientations et instructions présidentielles. Engagement qu'ils n'ont pas pourtant respecté à la tête des précédents départements dont ils furent en charge. Sans pourtant subir quelque coup de foudre qui aurait prouvé à l'opinion publique que l'action gouvernementale et celle de chaque ministre sont jaugées et sanctionnées à l'aune du critère de la performance et de l'obligation de résultat.