Vendredi dernier s'est jouée au théâtre régional d'Oran Abdel- kader
Alloula la 126e représentation du «Projet», le célèbre one man show de Mohamed
Yabdri. Le speech est on ne peut plus simple: un père de famille, qui
ambitionne pour son fils d'embrasser une carrière sportive de devenir carrément
un joueur de foot professionnel et de jouer dans les grandes équipes, se voit
désillusionné le jour où il apprend que son petit rejeton se plaît à flirter
avec la cigarette et de fumer des taffes en cachette. Prenant le public à
témoin, le personnage que joue Yabdri se laisse aller en de longues jérémiades,
et ceci en relatant tous les déboires lui étant survenus dans sa vie? à cause
de son fils, à cause de sa femme ou, tout simplement, à cause de ses semblables
! Bref, pendant plus d'une heure et demie, Yabdri, le Gad El Maleh algérien,
nous fait rire aux larmes, avec un soupçon de satire, un zeste d'ironie, mais
surtout énormément d'humour. Le public qui était présent en ce vendredi soir,
bien qu'il rît à gorge déployée, ne semblait pas pour autant «découvrir» les
blagues et galéjades que l'humoriste débitait. Au contraire, il avait tout
l'air de les connaître, parfois même mot pour mot, et ceci au point de les
«souffler», de temps en temps, à l'artiste lui-même. Cette petite parenthèse
nous prouve à elle seule combien les spectateurs ont plus qu'adoré ce show, qui
a ceci de particulier: celui de dépeindre une fresque sur la société
algérienne; par ces répliques rigolotes, c'est en vérité la vie des Algériens
qui est pointée du doigt? et de facto tournée en dérision. On a d'ailleurs
remarqué que cette façon de «rire de nous-même» est très prisée du public
algérien. L'autodérision devient, petit à petit, la marque de fabrique de bon
nombre d'humoristes algériens, qui ont encore du pain sur? les planches, quand
on sait l'immensité du terrain qui est encore inexploité.
Autre rendez-vous culturel, le 17
août prochain, aura lieu, toujours au TRO, une pièce théâtrale intitulée «La
fenêtre», qui est une adaptation de l'œuvre d'Emmanuel Roblès. Mise en scène
par Mohamed Abbès Islam, la pièce sera jouée par Mohamed Yabdri, Claire Thaous
Khassem, Fadéla Hachemaoui et Samir Bouanani.