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Hier matin, les
ruelles de la vieille Souika, et particulièrement la longue rue Mellah qui la
traverse dans toute sa longueur, étaient noires de monde.
De l'avis des habitants de l'endroit, «c'est presque le retour de l'ambiance d'autrefois, à la veille du mois sacré. C'est une foule bigarrée, faite d'hommes et de femmes qui déambulaient dans la bousculade et qui jouaient des épaules pour s'approcher des innombrables étals posés à même le sol, des multiples commerces qui offrent de tout, depuis la viande, jusqu'aux épices et autres produits que l'on consomme pendant le mois de jeûne. Et à l'évidence, les commerçants étaient débordés par les clients qui voulaient être servis rapidement, et même avant les autres. Peu de monde s'inquiétait des prix d'ailleurs: l'essentiel était d'acheter au maximum afin d'avoir tout disponible à la maison. Il a été constaté que les retardataires qui se sont présentés en quête d'un morceau de viande de mouton pour garnir le plat du f'tour du premier jour du Ramadhan, ont eu la désagréable surprise de constater que pratiquement, 9O% des étals étaient déjà vides. Ils se sont rabattus alors sur la viande de bœuf d'origine locale, mais là aussi ils ont dû déchanter car celle-ci s'arrachait littéralement des mains des bouchers à 7OO dinars le kilo. En effet, les quelques bouchers et les nombreux vendeurs à la sauvette de viande de provenance douteuse qui tenaient commerce tout au long de la rue Mellah, étaient assaillis par une foule nombreuse. Dans pareille situation où la demande dépasse largement l'offre, les patrons bouchers, mis dans une posture royale et devant la rareté du produit, imposent facilement leurs conditions draconiennes: découpant de grands morceaux de viande, formés presque à moitiés égales d'os et de graisse, ils les proposent aux clients, et c'est «à prendre ou à laisser». Bien entendu, le morceau qui est refusé par un client pointilleux est vite repris par un autre peu exigeant. Les bourses modestes, elles, se retrouvent devant les étals vendant la viande congelée, en morceaux ou hachée, à 5OO dinars le kilo et d'origine brésilienne, ont assuré les vendeurs «car nous ne comptons pas écouler la viande importée de l'Inde», a proclamé un revendeur approuvé par toute la clientèle. Aussi, sous une chaleur étouffante (il faisait 38° hier à Constantine selon la météo), le marché populaire de la vieille ville, Souika, à la veille du Ramadhan, semblait aussi faire face à «la journée de la viande» et était assailli, dès le début de la matinée, par une foule compacte qui, d'un bout à l'autre de la rue principale, se pressait devant les étals des marchands de viande en délaissant pratiquement les marchands des fruits secs dont les prix des produits se sont enfin stabilisés: des pruneaux sont proposés à 3OO dinars le kilo, les raisins secs à 6OO dinars, les amandes à 8OO, etc. Transpirant, surchargés de sachets et de filets remplis à ras bord, cette foule quittait peu à peu la rue Mellah, alors que près du pont de Sidi Rached, d'autres personnes encore, aussi nombreuses, s'engouffraient dans la rue pour la même opération. |
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