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Sécurité informatique: Tempête mondiale contre le Blackberry, l'Algérie non concernée ?

par Yazid Alilat

L'un des plus petits smartphones, le Blackberry avec sa technologie éponyme, introduit en Algérie par OTA et Mobilis, pourrait être très vite perçu comme un dangereux objet de communications menaçant directement la sécurité nationale. Ce qui, automatiquement, amènera le gouvernement à le proscrire dans le paysage algérien des NTIC. On n'en est pas encore là, mais le Blackberry, vu la tempête internationale qu'il est en train de faire grossir, pourrait très vite susciter une étude plus approfondie des autorités sécuritaires nationales et ouvrir la voie à son interdiction pure et simple. Le problème de ces PC et portables de poche, du fabricant canadien RIM (Research in Motion) est qu'il ne donne aucune clé ou code d'accès aux e-mails et est sur cette base perçu comme une menace directe sur la sécurité nationale. Le Balckberry présente, selon les experts, un niveau de cryptage des données supérieur à la plupart des «smartphones», notamment HP, Compaq ou Samsung, rendant très difficile la surveillance de leurs utilisateurs, leurs e-mails et leurs messages par SMS, via la 3G.

 En outre, les emails sont cryptés et seul son fabricant, RIM, en possède les clés de décryptage. Une option qui élimine tout simplement toute fonction de surveillance liée au cybercrime en Algérie. D'autre part, les serveurs utilisés pour la messagerie ou les carnets d'adresses des détenteurs du Blackberry sont installés au Canada et aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni pour l'Algérie. Une autre menace potentielle pour la sécurité nationale, selon des experts.

Pour le moment, aucune réaction n'a été enregistrée au niveau des services du gouvernement. L'Algérie, comme l'Arabie Saoudite ou les Emirats, a-t-elle mis en branle une étude sérieuse pour jauger de la potentielle menace pour la sécurité nationale que représente ce smartphone ? Aucune indication n'est pour le moment perceptible, même si certains responsables utilisent des Blackberry, mais sans en utiliser la fonction email.

Le débat est ouvert, les suspensions aussi

En fait, le débat sur la menace pour la sécurité nationale pour de nombreux pays ne fait que commencer. En France, il est interdit aux hauts fonctionnaires et aux ministres d'utiliser les Blackberry. Nicolas Sarkozy utilise un terminal ultra-sécurisé fabriqué par Thalès. Le président américain Barack Obama n'utilise son BlackBerry que dans un cadre très restreint. La Tunisie interdit, depuis décembre dernier, aux ministres et hauts fonctionnaires d'utiliser ce téléphone multifonction. Et, hier vendredi, l'Arabie Saoudite a rétabli le service messagerie du téléphone multimédia, très critiqué par certains pays pour son système de cryptage ultra-sécurisé, qui rend sa surveillance difficile, après l'avoir suspendu. L'autorité saoudienne de régulation des télécommunications avait ordonné mardi dernier une suspension des services de messagerie BlackBerry à partir de vendredi. Cet organisme a justifié sa décision de suspension par le fait que l'utilisation du BlackBerry contrevenait aux réglementations en vigueur dans le pays. Les Emirats Arabes Unis, qui avaient annoncé dimanche dernier la suspension à partir du 11 octobre prochain des principaux services de BlackBerry, estiment qu'ils n'étaient pas conformes aux réglementations. En Inde, le gouvernement a évoqué des questions de sécurité nationale et la difficulté d'un contrôle du BlackBerry, menaçant également d'interdire certains de ses services dans le pays.

Washington à la rescousse de RIM

Devant le tollé qui menace de provoquer une véritable guerre internationale contre le Blackberry, que des services de renseignements de plusieurs pays, dont la France et les Etats-Unis eux-mêmes avaient déconseillé à leur président et aux hauts fonctionnaires et ministres, Washington, comme dans le cas du différend entre Google et Pékin, vient à la rescousse de RIM. Pourquoi ? On n'en sait rien même si RIM est canadien et que Google est américain et avait bénéficié d'un interventionnisme appuyé de la secrétaire d'état Hillary Clinton auprès des autorités chinoises. Les Etats-Unis et le Canada se sont dits prêts à défendre le droit à l'utilisation du BlackBerry par des discussions avec les pays concernés. Hillary Clinton a même souligné que «nous prenons le temps de nous concerter et d'analyser tout l'éventail des intérêts et des aspects du dossier, parce que nous sommes conscients que se posent des questions légitimes de sécurité. Mais il existe également un droit légitime à un accès et à une utilisation sans entraves». Le porte-parole de Mme Clinton, Philip Crowley, a indiqué que Washington prenait contact avec l'Arabie Saoudite, l'Inde et d'autres pays ayant des inquiétudes au sujet du BlackBerry, dans l'espoir de résoudre le problème. Au Canada, le ministre du Commerce international, Peter Van Loan, a indiqué que son gouvernement «va se porter à la défense de RIM (...) comme nous le faisons chaque fois que des compagnies canadiennes faisant affaire à l'étranger sont confrontées à ce genre de défi». Il a annoncé des contacts avec les Emirats (500.000 abonnés), l'Arabie Saoudite (700.000 abonnés) et d'autres pays pour trouver une «solution constructive» au différend. Et, à Beyrouth, les autorités libanaises ont à leur tour annoncé, jeudi, mener une évaluation des «questions de sécurité» liées au BlackBerry après des arrestations d'agents présumés d'Israël dans le secteur des télécoms. Quant au gouvernement indonésien, il avait démenti envisager de bloquer l'accès à certains services du BlackBerry, mais il a reconnu qu'il souhaite des aménagements à son système de fonctionnement. L'Algérie est-elle, enfin, non concernée par toute cette tempête ?