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Matériaux de construction: Une bonne santé et des compressions

par Amine L.

L'industrie algérienne des matériaux de construction a poursuivi, durant le premier trimestre 2010 son dynamisme entamé dès le 4ème trimestre de l'année 2009.

Un dynamisme tiré par l'essor sans précédent qu'enregistre le secteur de l'habitat et des travaux publics. C'est la conclusion d'une enquête menée par l'Office national des statistiques (ONS) auprès des chefs d'entreprises, portant sur le type et le rythme de l'activité industrielle. Le secteur des matériaux de construction a connu au 1er trimestre 2010 une hausse de la demande et des prix de vente, une baisse des effectifs et un repli de la trésorerie. Après une stabilisation au cours du 3ème trimestre 2009, l'activité industrielle a entamé depuis le dernier trimestre de l'an dernier sa progression qui s'est poursuivie durant les trois premiers mois de 2010.

Cette tendance haussière est essentiellement imputable à la progression des mises en chantiers, ces dernières années, notamment dans l'habitat et les travaux publics. Pour les prochains mois, les chefs d'entreprises prédisent une progression de l'activité, de la demande et des prix. En revanche, ils prévoient une compression des effectifs.

Les capacités de production sont exploitées à plus de 92% par plus de 75% du potentiel de production, révèle le sondage de l'ONS.

Selon cette enquête, plus de 86% des chefs d'entreprises ont déclaré que le taux de satisfaction des commandes en matières premières «est inférieur aux besoins exprimés», mais sans incidence sur les stocks puisque seuls 2% ont subi des ruptures de stocks. Près de 15% des entreprises ont connu des arrêts de travail à cause des pannes d'électricité inférieures à 6 jours. En dépit de la hausse des prix de vente, la demande en matériaux de construction a augmenté durant le 1er trimestre 2010, selon les chefs d'entreprises sondés.

Plus de 96% des entreprises ont satisfait toutes les commandes reçues et près de 87% déclarent avoir des stocks de produits fabriqués, une situation jugée «normale» par plus de la moitié des sondés. Seuls 4 % des entreprises ont exporté et près de 2% ont des contrats d'exportation pour les prochains mois. Plus de 92% des chefs d'entreprises ont affirmé avoir enregistré des pannes d'équipement, en raison notamment de leur vétusté entraînant des arrêts de travail de plus de 6 jours pour près de 96% des sondés.

La totalité des chefs d'entreprise a déclaré avoir remis en marche ses équipements et près de 98% déclarent pouvoir produire davantage avec un renouvellement des équipements et sans recrutement supplémentaire. Les effectifs ont encore subi un repli, selon la majorité des entreprises et près de 32% de ces dernières déclarent avoir des difficultés à embaucher notamment le personnel d'exécution. Près de 90% des chefs d'entreprises affirment qu'en recrutant davantage de personnel, ils ne vont pas produire plus.

Au cours du premier trimestre 2010, la trésorerie des entreprises du secteur des matériaux de construction a régressé, en raison «des charges coûteuses et à la flambée des prix». Résultat: 85% des entreprises ont recouru à des emprunts et seuls 14% se sont heurtés à des problèmes à les contracter. Cela dit, il est à signaler que les entreprises du bâtiment se plaignent souvent d'une grande difficulté à être approvisionnées en matériaux de construction dont notamment le ciment et les agrégats.

Les entreprises publiques de distribution du ciment peinent à satisfaire les commandes en ciment. Curieusement, le marché parallèle est bien approvisionné. Chez les distributeurs privés, le sac de ciment est cédé à près de 650 DA contre un prix public plafonné de 300 DA (sortie d'usine). De même, la production d'agrégats fait face à des difficultés. Cette carence constitue un frein au lancement de beaucoup de projets d'utilité publique. Dans certaines régions, à l'est comme à l'ouest du pays, le déficit enregistré en matière d'agrégats est «alarmant».

Une carence essentiellement due à l'opposition de citoyens, se traduisant par la fermeture de plusieurs carrières. Le déficit enregistré par rapport aux capacités de production avoisine parfois les 50% pour l'agrégat, 70% pour le sable concassé et 50% pour l'enrochement. D'importants projets ont été ainsi bloqués. Les services des forêts refusent également de renouveler les titres d'exploitation à beaucoup de carrières ne remplissant pas les conditions.