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Un avant-goût

par A. Mallem

L'union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), compte initier une campagne de sensibilisation auprès des commerçants et des boulangers, pour prévenir la spéculation et les hausses des produits alimentaires en assurant leur disponibilité durant tout le mois du Ramadhan, étant donné que le marché sera bien approvisionné, spécialement au niveau des fruits et légumes, selon M. Boutamine Amar, secrétaire général du bureau de cette organisation.

Et de signaler la mise sur le marché, tout prochainement, de grandes quantités de pomme de terre et de tomate émanant de plusieurs wilayas de l'Ouest et de la région de Annaba. « Cette année, explique-t-il, le Ramadan coïncide avec une période favorable car c'est maintenant que la majorité des légumes, arrivés à maturité, sont cueillis. De ce fait, ces derniers seront bien approvisionnés et automatiquement les prix seront revus à la baisse». Sur ce chapitre, le responsable du syndicat des commerçants a annoncé que le marché de gros du Polygone va être renforcé prochainement par l'ouverture de 48 nouveaux carreaux de vente de fruits et légumes. Ce qui augmentera sa capacité et, avec la nouvelle organisation mise en place par la direction, les producteurs de la région Est vont, selon ses prévisions, être amenés à diriger leurs produits sur ce site au lieu d'aller vers celui de Chelghoum-Laid, situé plus loin. M. Boutamine a, par ailleurs, tenu le même raisonnement en ce qui concerne les prix des viandes blanches et les viandes rouges avec la mise sur le marché des grandes quantités de poulets qui ont été stockés dernièrement par les pouvoirs publics ainsi que l'arrivée de la viande bovine importée de l'Inde.

Reste à dire que, le plus souvent, les recommandations et les prévisions sur la mercuriale des prix se révèlent être de simples vœux pieux, car ils sont constamment battus en brèche par l'indiscipline de la majorité des commerçants.

Une virée effectuée hier dans les principaux marchés du centre-ville de Constantine confirme de la façon la plus nette, une tendance à la flambée des prix des produits de première nécessité à dix jours seulement du Ramadan, flambée qui, selon les prévisions des commerçants qui se basent sur des considérations objectives, ne va pas s'arrêter à la première semaine du mois sacré.

Prenons comme échantillon quelques produits de consommation courante, les viandes blanches par exemple. A 32O dinars le kilo, le prix du poulet ne cesse de se mettre hors de portée de la bourse du citoyen au revenu modeste, cependant que celui de l'escalope, demeure à 75O dinars.

«Ce n'est pas du tout surprenant pour cette période des chaleurs où se produit toujours un déséquilibre entre l'offre et la demande», estiment les revendeurs à qui nous avons demandé les raisons de cette augmentation. Ils expliquent qu'en période de canicule il y a une baisse dans la production du fait que les éleveurs craignent de perdre de grandes quantités de poussins qui succombent à la chaleur dans les hangars. Ensuite, c'est la période des grandes fêtes durant laquelle la consommation augmente sensiblement. «On nous a montré à la télévision du poulet stocké pour être mis sur le marché au début du Ramadan, c'est de la blague, car la viande de poulet ne se stocke pas !», a déclaré un citoyen rencontré au marché Ferrando, lequel n'a pas apprécié aussi l'importation de la viande en provenance de l'Inde. A ce sujet, il a assuré que les Algériens ne vont pas se précipiter pour acheter cette viande « qui manque de goût parce que cet animal a été élevé dans une région humide». Néanmoins, pour ce qui concerne les légumes, la majorité des commerçants suivent le raisonnement des responsables de l'UGCAA et prévoient une baisse des prix durant le mois de carême tout en affirmant que ceux des fruits resteront élevés. Il en est de même des fruits secs, notamment le raisin et la prune qui sont très prisés pour la préparation de certains plats traditionnels du Ramadan. Le premier produit évolue entre 42O et 6OO dinars dans les deux marchés alors que celui des pruneaux varie de 4OO à 5OO dinars sur les mêmes sites ainsi qu'au marché populaire de la vieille ville (Souika).