Passer l'été à Sidi Bel Abbès a été généralement
éprouvant pour plusieurs considérations, notamment lors des périodes
caniculaires mais c'était un temps sec avec moins d'humidité qui s'est
confortablement installé avec «l'impérialisme du béton» à perte de vue, rendant
encore ardu, le cadre de vie. Néanmoins, face à toutes les épreuves, les
Belabbessiens (es), du moins ce qui sont astreints à rester sur les lieux,
s'organisent au-delà de quelques virées vers la bleue en cours ou à la fin de
semaine. Tôt le matin, c'est le tour des marchés, pour ceux chargés de cette
besogne incontournable, le café pour d'autres?» puis se terrer, c'est le mot,
en vue de prolonger la soirée; n'en parlons pas des moments de prière et autres
rites. La tendance presque générale c'est la vie des vrais couverts de
l'immédiateté de résolutions du problème de logement dont les autochtones n'ont
pas été forcément les premiers servis, même dans les nouveaux lotissements. Ces
ouled Bled optèrent vers d'autres communes limitrophes, cela est bien connu; et
ceux qui les poussèrent à cela ne font plus le tour de la tahtaha? et de la
graba en général. Tout de même, il faut dire que tout n'est pas tellement
morose. Les multiples crèmeries du boulevard de la Soummam ceux de la Macta et
autres nouvelles adresses sont des sites prisés, et ne désemplissent pas très
tôt, réunissant des familles, des groupes de jeunes des deux sexes, créant ainsi
une ambiance bon enfant. Mais depuis l'avènement de la nouvelle ville c'est le
mot, celle du dénommé Sidi Djillali, ces nouveaux espaces tels «Wiam Place» ont
dû réussir un tour de force à prolonger les soirées des clients, notamment ceux
qui y résident dans la périphérie nord-est de la ville moins animée dans sa
partie sud, à Bab Dhaya-Madina Mouanouara, haï Badr, CLO. Quant à d'autres
espaces tels les lieux-dits Bremer, Sakia el Hamra, ex-faubourg Thiers, Toba et
l'ex-Gambetta, les soirées sont prolongées, révèle-t-on lors de notre virée
nocturne, où la vie continue tant bien que mal à la recherche d'îlots de
fraîcheur tels ceux de la rocade sud.
Toutefois, il existe bien des contrastes
bel abbessiens, le cœur palpitant, la Graba avec ses nouvelles ceintures de la
honte, autour de la coupole n'est, relève-t-on, animé que durant la journée
principalement Trig l'article et ses alentours. A la tombée de la nuit, le
quartier se vide, mais c'est la bouffée d'oxygène du peu d'autochtones qui
n'ont pas voulu partir ailleurs. Pour les Bel abbessiens, plusieurs parades
sont de mise en ces moments de chaleur très suffocante. Il y a les salons de
thé, les cafés à grandes terrasses, même si dans l'ex-place Carnot, le
feuillage des arbres d'antan n'est plus verdoyant et les anciens cafés Soummam,
Chantaco ne sont qu'un brin de souvenir qui dérange les milliers de «parvenus»
et nouveaux débarqués, rétorqueront certains septuagénaires qui s'adonnent à
des interminables parties de dames devant une poignée de voisins promus fans et
spectateurs des batailles tactiques où le silence est maître des lieux à sidi
Yacine, village Erih, cité Mimoun? et autres coins d'une ville qui renoue avec
l'utilisation des «Haouchs» et grandes terrasses pour célébrer les mariages de
ses enfants, très vite avant le sacré mois du ramadhan? Les prestations
ailleurs sont chères. D'ailleurs, les feu Zargui Ahmed, les Aigles noirs, pour
ne citer que cette pléiade d'artistes aux côtés des grandes cheikhate de la
région, animèrent des centaines de mariages bien avant l'intronisation des DJ
et autres «zefefs». C'était l'ère des tentes, des esplanades, espaces requis
avec autorisation communale avec délais des fêtes célébrées dans une communion
sans pareille. C'était le cortège du côté du vrai petit Vichy, l'ancien? avant
ce que l'on nomme par «Dubaï» où les itinéraires sont presque devenus un
passage obligé. A cela, il faudra relever que des manifestations culturelles
sont organisées depuis quelques années, théâtre, danses, festival du raï?dans
une ville toujours très hospitalière qui puise dans son patrimoine et legs des
grands aînés et aïeux beaucoup de sagesse malgré la disgrâce qu'on continue à
lui faire le plus impunément du monde.